Histoire de La Défense

L’histoire commence avant La Défense

A l’ouest de ce qui deviendra Paris là où se dresse une petite colline à la fin du néolithique, des hommes laissent comme traces de leur passage des mégalithes sur les belvédères boisés de la région qui abriteront bien plus tard d’autres édifices, bien plus hauts, mais toujours tournés vers les cieux. Les bords de la Seine deviendront pour les hommes de Néandertal le lieu propice pour leurs activités de tailleurs de pierre, comme en témoigne le gisement découvert par des archéologues. Leur débitage caractéristique est baptisé « levalloisien » donnant ainsi le nom à la ville de Levallois. Nanterre tire également son nom de ces lieux :  Nemetdor en celte, signifie « enceinte sacrée » ou « sanctuaire ». Plus près de notre époque, mais tout de même trois siècles avant Jésus- Christ l’âge de fer voit à son tour les Parisii s’installer sur les rives du fleuve. Venus de l’autre côté du Rhin, ces nomades colonisent cette région située sur le chemin vers Rouen et la Normandie. Le tracé antique  de ce parcours (Curva-Via) donnera son nom à la ville de Courbevoie. Sous la domination Romaine, Lutèce devient le centre administratif et Nanterre (Nemetdor) est la capitale religieuse pour les Parisii. En 1200, Philippe Auguste souhaite protéger Paris par une nouvelle enceinte et complète le dispositif  existant par la création d’une forteresse appelée « Tour du Louvre ». Charles V la transformera en Palais résidentiel. François 1er en prenant ses quartiers fera détruire cette tour en 1527. Les habitants de ce territoire subiront un millénaire particulièrement difficile. S’ajoutant aux ravages de la guerre de cent ans entre les années 1337 et 1453, des inondations de la Seine en 1373 accentuent les difficultés pour la population. Entre la seconde moitié du XIVème siècle et le début du XVème siècle le virus de la Peste décime bon nombre de la population.

Carte de la région parisienne
Carte de la région parisienne

 

De Nully à Neuilly :  Sur les berges de la Seine, des habitants forment un petit village en 1316 autour de l’ancienne ferme des Moines appelée « Nully ».

 

La timide naissance de l’Axe Royal

C’est véritablement dès le XVème siècle que ce qui va devenir « l’axe historique » voit le jour. Le Louvre est alors la résidence principale des Rois de France, ils (qui) aiment s’offrir des pauses champêtres au château de Saint-Germain en Laye. Pour en faciliter l’accès, une route directe est envisagée pour relier ces deux points. Le passage du fleuve à Neuilly, n’est plus un problème: la solution d’un bac a été adoptée. Après un accident malheureux, le 9 juin 1605, le roi Henri IV qui avait vu son carrosse tomber à l’eau chargea son intendant  Sully d’y bâtir un pont en bois.

Le Pont en bois de Neuilly.
Le Pont en bois de Neuilly.

L’axe historique prend forme petit à petit et sous Louis XIV, il devient le lieu de passage obligé pour les cortèges royaux, qui après avoir franchi la Seine grimpent la petite colline de Chantecoq. L’histoire continue de se rapprocher tout doucement de notre époque. La Renaissance avait marqué un tournant avec les aménagements des espaces et la recherche de la perspective. Colbert, convainc Louis XIV d’aménager le jardin des Tuileries. André Le Nôtre imposa son style de « Jardin à la française » devenant ainsi l’un des plus éminents jardiniers de notre ère. Le Nôtre entreprend d’ouvrir le mur qui limite le jardin des Tuileries vers l’Ouest. Ce geste simple permettra de créer le point de départ de l’axe historique. Satisfait le Roi signe une ordonnance en août 1668 « Que de larges avenues terminées par des arcs de triomphe annoncent majestueusement l’entrée de la ville… Qu’ici on aperçoive une étoile, de ce côté des routes en épi, de l’autre des routes en éventail… « . Le jardinier du Roi s’attela à cette lourde tâche en créant une voie nouvelle bordée d’arbres, reliant les jardins des Tuileries à la butte de Chaillot. Baptisée dans un premier temps « Grand Cours », cette avenue prit le nom que l’on connait tous aujourd’hui des « Champs Elysées ». Le Nôtre ne souhaitait pas en rester là et désirait poursuivre cette perspective jusqu’à la colline de Chantecoq. L’insalubrité de la ville à cette époque déplaisait au Roi qui préféra s’exiler à Versailles. La poursuite de l’amélioration de l’axe attendra jusqu’à la mort de Louis XIV en 1715. Devenu obsolète et inadapté, le Pont en bois de Neuilly voulu par Henri IV cède la place à un nouvel ouvrage, cette fois-ci en pierre. Pour fêter le lancement des travaux, Perronet, dans une volonté toute particulière de mise en scène, fait déboulonner soigneusement les pièces du Pont en bois. Ce dernier s’écroule dans un vacarme assourdissant résonnant jusqu’à Paris. Quatre années seront nécessaires à la réalisation du nouvel ouvrage suivant un concept de pont en tablier: 872 ouvriers et 168 chevaux sont affectés à la tâche. Un grand spectacle célébrera son inauguration le 22 septembre 1722, en présence de Louis XV et de toute la Cour.

L’avènement de Louis XV quelques années auparavant, avait permis de relancer les travaux d’aménagement de l’Axe Royal. La tâche confiée au Marquis de Marigny, directeur général des bâtiments du Roi commencera par l’aménagement du grand terrain vague entre les Tuileries et les Champs-Elysées. Il y crée une gigantesque place en l’honneur du Roi Soleil sur laquelle il implante une statue équestre à son effigie suite à un concours qui reçut 150 propositions. Un second concours organisé en 1753 est remporté par Jacques-Ange Gabriel de Mézières (1698-1782) afin de fermer la grande place par deux bâtiments jumeaux encadrant la rue Royale. Profitant des travaux, les ormes devenus trop vieux sont remplacés par des tilleuls de Hollande.

La Place Louis XV
La Place Louis XV

L’œuvre en hommage à Louis XV finira par disparaître en 1830 pour laisser place à l’obélisque de Louxor offert à  Charles X par le pacha d’Egypte, Méhémet-Ali. En 1833, cette place devient ainsi la place de la Concorde. L’aménagement est complété par les fontaines de l’architecte Hittroff. Vingt colonnes rostrales et des lampadaires en fonte donnent un équilibre à la place.

L’émergence de l’Axe Royal

L’axe devient majestueux et il est considéré comme le plus beau d’Europe. Les potagers des Champs-Elysées, disparaissent au profit de places agrémentées de carrousels et de jeux. Perronet, en 1766 s’attelle à son tour au tracé de la voie, appelée alors Chemin du Cours, partant de la butte de Chaillot et conduisant aux premières maisons de Neuilly. Dans le même esprit que celui ayant animé la création des Champs-Elysées, il la prolonge jusqu’au sommet de la butte de Chantecoq. Sur cet emplacement, l’architecte trace une grande place ronde sur le même modèle que celle de l’étoile. Elle est baptisée l’Etoile de Chantecoq ou place de la Demi-Lune. L’obélisque de 40 mètres destiné à trôner en son centre ne verra jamais le jour. Mais la perspective est désormais totalement dessinée. Dernier travaux : le nivèlement du terrain. Le chantier qui débute en 1768 permet d’égaliser la pente entre la place Louis XV et le Pont de Neuilly. Entre 1772 et 1776 les travaux de terrassement abaissent d’environ cinq mètres la butte de Chantecoq. Les terres enlevées sont utilisées pour remblayer les Champs-Elysées. Malgré tous ces efforts la sécurité n’est pas encore au rendez-vous. Les Champs-Elysées restent encore ardus à traverser en carrosse et se révèlent tout aussi inhospitaliers pour les piétons. La voie royale devient impériale lorsque Napoléon Ier de retour de la bataille d’Austerlitz demande qu’un arc de triomphe soit érigé pour célebrer le prestige et la gloire de l’armée française. Le ministre de l’Intérieur, Champigny propose de l’implanter sur la place de l’Etoile afin de le rendre visible de loin et surtout dès l’entrée dans Paris. L’architecte Chalgrin s’inspira de l’arc de Titus à Rome et en assurera la réalisation. La première pierre du monument sera posée le 15 août 1806, lors de la Saint-Napoléon, mais le monument ne sera inauguré que 30 ans plus tard, par Louis-Philippe. Et ce n’est qu’en 1854 que la place de l’Etoile  prendra forme sous les consignes d’Haussmann. Il la fait rayonner sur 12 avenues et autant de portions sur lesquelles il prévoyait d’élever 12 hôtels identiques.

Arc de Triomphe
Arc de Triomphe

Un second arc de triomphe, beaucoup plus petit, est construit entre le Louvre et les Tuileries, sur décision de Napoléon Ier en février 1806. Les architectes Percier et Fontaine le dessinent en s’inspirant de la  création de Septime Sévère à Rome.

La Défense devient La Défense

La statue de Napoléon Ier, installée sur la colonne Vendôme, sera déplacée en 1863 pour orner la place de la Demi-Lune, rebaptisée Rond-Point de l’Empereur. La guerre contre la Prusse exige de la mettre en sécurité dès 1870. Huit années passent, la guerre est terminée. Pour rendre hommage aux défenseurs de la capitale, le Conseil Général de la Seine décide d’organiser un concours pour choisir la sculpture qui symbolisera le mieux la défense de Paris. De grands noms de l’art y participent comme Gustave Doré ou Rodin, mais c’est l’artiste Louis Ernest Barrias (13 avril 1841 – 4 février 1905) qui séduira le jury par son  illustration. Le 12 août 1883, une foule immense, estimée à plus de 100 000 personnes, se masse pour assister à l’inauguration. Nommée « La Défense de Paris », la statue donne son nom au rond-point ainsi qu’à l’avenue qui rejoint le Pont de Neuilly. C’est ainsi que ce quartier prend le nom de « La Défense ».

 

La révolution industrielle est en marche

Le temps est maintenant à l’industrialisation. Le XIXème siècle est marqué par la révolution industrielle s’accompagnant d’un développement urbain qui évolue vers l’ouest. Toutes les avenues qui rayonnent de la place de l’Etoile et le 8ème arrondissement profitent  de ce boom et arborent une  richesse nouvelle. Au début du XXème siècle, le développement se poursuit sur le territoire qui porte désormais le nom de La Défense. Les prairies et fermes cèdent la place à une multitude d’usines en tout genre : laveries, maroquineries, aviation, automobile, métallurgie, textiles,…  A Puteaux, l’entreprise De Dion-Bouton emploie quelque 1 800 ouvriers dans son usine automobile. L’avenue de La Défense est, elle, préservée de l’industrie par la présence de nombreuses brasseries, guinguettes et ateliers d’artistes. Face à un afflux qui ne cesse de s’accroitre, les transports en commun se développent. Une ligne de tramway qui relie La Défense à l’Etoile est construite. Sa locomotive à vapeur nécessitait, à chaque station de porter l’eau à une température de 200° avant de repartir. Ceci lui vaudra de recevoir le surnom de « Bouillotte ». Après la première guerre mondiale et l’inhumation du soldat inconnu sous l’arc de Triomphe en 1920, la ferveur patriotique suggère de rebaptiser les Champs-Elysées en « Voie Triomphale » et la place Maillot, « Place des Poilus », bordée de monuments à la gloire des valeureux soldats. Les années passèrent et l’idée n’est restée qu’idée.

Les premières esquisses d’un quartier d’affaires

Entre les deux guerres, certains souhaitent faire de La Défense un quartier urbain où se développeraient de grands ensembles pour les affaires.

  • En 1922, Auguste Perret (12 février 1874 – 25 février 1954) rêve d’un pont gratte-ciel entre la porte Maillot et la Croix de Noailles en passant par Neuilly, Puteaux et Nanterre. Ses dessins représentent un alignement de « maisons-tours » toutes d’une hauteur de 200 mètres.
Le projet "Maisons-Tours" d'Auguste Perret
Le projet « Maisons-Tours » d’Auguste Perret

 

  • En 1926, Léon Rosenthal, un riche amateur d’art, lance un concours pour aménager la voie. Les réponses fusent, signées des plus grands architectes du moment : Le Corbusier, Auguste Perret, Mallet-Stevens. Mais à la Mairie de Paris qui ne souhaitait pas nuire au rayonnement de la place de l’Etoile, tout ceci n’est pas forcément apprécié. De plus, la stratégie voulait désormais que l’on intègre dans les projets la totalité de l’axe Etoile-Défense. Le Corbusier (6 octobre 1887 – 27 août 1965), architecte visionnaire imagine déjà à cette époque un projet sur deux niveaux séparant piétons et voitures.
Croquis de la proposition du Corbusier
Croquis de la proposition du Corbusier
  • En 1931, un nouveau concours est organisé, cette fois-ci sous la houlette de la ville de Paris. L’urbaniste Henri Prost en définit le cahier des charges combinant esthétisme et réalisme. L’aménagement de la voie triomphale devra optimiser la circulation automobile, tandis que les constructions ne devront pas dépasser la hauteur de l’Arc de Triomphe. L’architecte Bigot et le sculpteur Landowski remportèrent le premier prix. Tout deux avaient imaginé de redessiner en arc de cercle la porte Maillot (rebaptisée place Clémenceau), d’élargir le pont de Neuilly (rebaptisé Pont des Maréchaux) et d’ériger, à la place de la statue de Barrias, une gigantesque Victoire. Mais cette vision qui ne suscite pas vraiment l’enthousiasme, subira coup sur coup les méandres de la crise économique puis la seconde guerre mondiale. Seule l’idée d’élargir le Pont de Neuilly est réalisée en 1938.

Après la seconde guerre mondiale, la répartition de la population a changé. Les zones rurales se vident et pour la première fois la population des villes dépasse celle des campagnes. Le plan d’embellissement et d’extension promu par les lois de 1919 et 1924 concerne désormais toutes les communes de plus de 10 000 habitants. A Paris, l’urbaniste Henri Prost ( 25 février 1874 – 16 juillet 1959) et le futur ministre de la reconstruction, Raoul Dautry, (1880 – 1951), travaillent sur un plan d’aménagement de la région parisienne (PARP). Ce plan prévoit un aménagement plus homogène entre le centre et les banlieues, tout en évitant un développement inconsidéré grâce à la délimitation du périmètre urbain par un « cercle de 35 kilomètres autour de Paris ». Déclarée d’utilité publique, la voie triomphale de Paris débute désormais au Rond-Point de La Défense pour s’étendre sur 15 kilomètres entrainant un déboisement massif et des expropriations à grande échelle en pleine forêt de Saint-Germain et jusqu’à la Croix de Noailles. Après la seconde guerre mondiale, André Prothin, à la tête du service d’aménagement du territoire promeut l’extension de Paris par l’aménagement du Rond-Point de la Défense ponctuant l’axe de la nouvelle urbanisation. C’est le Service Technique de l’aménagement de la région parisienne qui en a la charge.

 

 

Le quartier d’affaires s’apprête à émerger

Après des années de tergiversations, l’idée est arrêtée en 1950. Il faut créer un quartier d’affaires en dehors de Paris. Le Conseil Général de la Seine s’empare de l’idée qui avait déjà été évoquée une vingtaine d’années auparavant en 1931 par la Citybank, première banque d’affaires mondiale, convaincue depuis longtemps d’une telle nécessité. Le projet devient une idée fixe pour les autorités qui voudraient y implanter des ministères et de services publics. On parle même d’y installer le siège de l’UNESCO, et un centre de congrès et de conférences. Le Corbusier imagine un musée du xxème siècle et l’idée de l’organisation d’une nouvelle exposition universelle se fait sentir. Mais une fois de plus, la difficulté de financer de tels équipements et les réticences des fonctionnaires de la capitale ont raison du projet. Malgré cet échec, André Prothin croit en ce territoire et y voit le « Paris de demain ».

Le projet de La Défense en 1955
Le projet de La Défense en 1955
©Archives Epad

Les premiers nouveaux habitants de La Défense s’installent

C’est une année avant l’ouverture du CNIT et la création de l’EPAD que le premier immeuble de logement est construit sur le territoire de La Défense. C’est Jean de Mailly, l’architecte qui signera le CNIT, qui imagine cet ensemble situé à Puteaux au bord du fleuve: 593 logements sont construits sur un socle de bureaux.

L'immeuble Bellini
L’immeuble Bellini

Et le CNIT surgit !

L’idée de l’organisation d’une Exposition Universelle s’éloigne. Emmanuel Pouvreau, président du Syndicat des constructeurs français de machines-outils, croit lui aussi en La Défense. En 1958, il y projette la construction d’un grand palais de la mécanique capable de promouvoir le savoir-faire de l’industrie française. Des acquisitions sont faites au Rond-Point de La Défense. Trois architectes Robert Camelot (20 mai 1903 – 4 novembre 1992), Jean de Mailly (1911 – 1975) et  Bernard Zehrfuss (20 octobre – 1911 – 3 juillet 1996) s’attellent à la tâche. Le trio surnommé « les Rois Mages » conçoit le CNIT (Centre National des Industries et des Techniques) bâtiment prenant la forme d’une voûte triangulaire de 218 mètres de côté et de 40 mètres de hauteur ayant uniquement trois points d’appui. Pier Luigi Nervi (21 juin 1891 – 9 janvier 1979), architecte italien spécialiste des ossatures en béton aidera les trois architectes dans leur ouvrage. A leurs côtés, l’ingénieur Nicolas Esquillan (27 août 1902 – 21 janvier 1989), de l’entreprise Boussiron, mettra en œuvre la solution retenue d’une double coque de béton. Rapportée à son échelle, la voûte est 20 fois plus mince qu’une coquille d’œuf. Le permis de construire est déposé dès 1954 par Emmanuel Pouvreau. L’administration, prise au dépourvu, va établir en moins de deux ans un document d’urbanisme, jusqu’alors inexistant sur la zone. Ce document, paru au journal officiel du 20 octobre 1956, donne le feu vert au projet du CNIT dans son intégralité, offrant le cadre légal indispensable pour démarrer le chantier. Par la même occasion ce plan crée un cadre d’aménagement pour le reste de La Défense. La construction de cet ouvrage hors-norme et révolutionnaire, utilisant béton et armature, attire au fil de sa construction bon nombre de badauds. Certains y voient une prouesse architecturale et d’autres jugent le projet comme un « abri pour foires ».

 

Le CNIT va alors accueillir pendant une vingtaine d’années de grandes expositions comme les Floralies, le SICOB, les Arts ménagers, le salon nautique avant de connaitre plusieurs modifications et rénovations.

 

 

 

La naissance de l’EPAD

L’axe est protégé par une zone de non construction de 140 mètres de large. Elle est réservée à la future autoroute et au prolongement de la ligne 1 du métro qui a pour terminus le Pont-de-Neuilly. Les urbanistes envisagent des constructions de part et d’autre de l’avenue de La Défense devenant autoroute urbaine coupant en deux le quartier. Sont prévues des tours de 12 étages, alternant avec des immeubles plus bas. Une tour de 120 mètres ponctue l’ensemble de manière magistrale. Le périmètre de La Défense est réparti sur deux zones. La zone A, à cheval sur les villes de Puteaux et de Courbevoie, s’étale sur 130 hectares et la zone B, sur Nanterre, se développe sur 620 hectares. Véritable casse-tête juridique de par son implantation sur trois communes, l’Etat crée alors une structure inédite en France : Un établissement public à caractère industriel et commercial. C’est le 9 septembre 1958 que l’EPAD  (Etablissement Public d’Aménagement de la région de La Défense) est né: André Prothin en prend la direction pour une dizaine d’années. L’Etat donne 30 ans à l’établissement pour acquérir et libérer les sols afin de concevoir et réaliser des infrastructures et des équipements publics. Pour se financer, l’établissement qui ne reçoit aucune subvention publique doit vendre des « droits à construire ». L’EPAD doit assurer l’équilibre financier dans une optique de rentabilité rapide. Pour mener à bien toutes ses tâches, l’EPAD s’appuie sur son conseil d’administration paritaire de 18 membres (9 représentants des collectivités locales et organismes publics et 9 représentants de l’Etat). La première mission de grande envergure de l’établissement est de trouver des solutions de relogement pour les habitants des bidons-villes situés à l’arrière du Rond-Point de La Défense, sur la ville de Nanterre. Des expropriations à grande échelle sont lancées sur 415 hectares. Les 480 industries et les familles qui occupaient les 9250 logements vétustes sont relogées par l’aménageur.

Publication au Journal Officiel de la création de l'Epad
Publication au Journal Officiel de la création de l’Epad

Une dalle pour La Défense

Le premier plan d’aménagement est défini en 1956 et comporte un point d’achoppement : le cisaillement en deux du quartier d’affaires par un flot continu de 60 000 voitures, l’un des plus gros trafics de France. Pour pallier ce problème, l’EPAD propose, dans un premier temps, de réserver l’avenue aux automobilistes rejoignant les grandes destinations. Le Rond-Point éclatera en deux branches qui absorberont le trafic régional, tandis que des voies périphériques, ceinturant le quartier, assureront la desserte locale. Cette solution, simple et économique a le gros inconvénient de couper en deux le quartier. Les Ponts et Chaussées imaginent d’enterrer le trafic routier régional et des longues distances. Cette proposition s’inspire d’une idée de Léonard de Vinci, consignée dans la Charte d’Athènes pour la restauration des Monuments Historiques, exhumée par Le Corbusier lors du concours de 1926 pour l’aménagement de la Porte Maillot. Il y est question de déployer une ville surdeux niveaux : le « Commoditas », comportant dessertes, parkings et aires de livraison, enfoui sous le « Voluptas », dédié aux piétons et aux bâtiments. L’idée de la dalle est là. La solution qui séduit l’EPAD s’adapte parfaitement à la configuration géographique du quartier. La dénivellation de 22 mètres entre le sommet de la butte de Chantecoq et le niveau de la Seine se prête parfaitement à l’aménagement d’une grande dalle sous laquelle prendront place les parties techniques et voiries. Le plan d’aménagement est adopté par décret en décembre 1964. Il comprend, sur une longueur égale à celle de l’avenue des Champs Elysées « un ordre majeur »,750 000 m² de tours de bureaux limitées à 25 étages, « un ordre moyen » composé d’immeubles d’habitations de 5 à 12 étages formant des ensembles fermés avec des jardins intérieurs et « un ordre bas » où sont implantés des commerces. Vingt hectares de jardins sont envisagés sur la plate-forme. En 1970, le paysagiste américain Dan Kiley, concepteur du grand axe de Washington conseille : « Pourquoi aller chercher ailleurs ce que vous avez sur place ? Votre Paris est en forte majorité marqué par Haussmann et ses alignements d’arbres. Il y a une quarantaine de milliers de platanes plantés dans Paris, pourquoi ne pas utiliser ce matériau que vous avez sur place et, ainsi, rattacher La Défense à Paris ». La plantation de platanes créera une unité entre les sites. Mais le droit immobilier français, même s’il connaît la spécificité de l’exploitation des mines et des sources thermales, n’est pas adapté aux dalles. Les juristes, notaires et géomètres se sont évertués à imaginer des règles spécifiques permettant de résoudre les problèmes posés par l’imbrication sur un même terrain de domaines privés (bureaux, logements, hôtels) et de domaines publics (autoroutes, parkings, voies ferrées), tous incompatibles avec les solutions juridiques traditionnelles, qu’il s’agisse de la division parcellaire, de la copropriété, de la loi du 10 juillet 1965 ou du bail à construction. C’est ainsi que « l’ancien droit de superficie dissociant le dessus (superficie) et le dessous (tréfonds) va être dépoussiéré et remplacé par « la division en volumes ». Cette technique consiste à diviser la propriété d’un immeuble en fractions distinctes, strictement définies en trois dimensions au moyen de plans et de coupes transversales précises. Ces volumes bien repérés géométriquement s’insèrent dans des réseaux de servitudes. Cette démarche foncière originale a laissé la quasi-totalité du sol à l’aménageur, ne cédant aux investisseurs qu’un nombre de mètres carrés définis à l’intérieur d’un volume borné dans les trois dimensions à un prix négocié en fonction du marché. Avec cinquante ans de recul, selon Rémi Masson, architecte et ancien directeur de l’architecture et de l’urbanisme à l’EPAD, le concept présente deux avantages majeurs en termes de développement durable : « Il a d’abord bloqué pendant les premières années toute tentative de spéculation foncière. Ensuite, il a laissé à l’aménageur la maîtrise du sol, donc de la stratégie et du développement à très long terme. » Cette innovation juridique a permis la mise au point du concept « d’ensemble immobilier complexe » conduisant à la procédure « du plan de masse du 7 mars 1963 », approuvé par le ministre de la Construction après avis du Comité d’aménagement de la région parisienne.

 

Coupe de principe de la dalle
Coupe de principe de la dalle

 

Le premier et la première

Esso fut la première compagnie à miser sur le quartier de La Défense pour  regrouper ses activités et ses 1 550 collaborateurs, répartis jusqu’alors sur une douzaine de sites différents dans la région, au sein d’un même immeuble. La construction est confiée aux architectes Gréber, Lathorp et Douglas qui travaillent à un projet de tour sur le terrain. En 1963, l’immeuble de 30 000 m² répartis sur 12 étages est inauguré. Sa structure centrale en béton concentre les ascenseurs et les réseaux fluides et électricité… Ayant fait l’acquisition du terrain six ans avant, et donc avant l’élaboration du plan d’urbanisme, Esso ne crut pas en l’existence d’une dalle et construisit l’entrée de l’immeuble au niveau du sol naturel, soit trois étages en dessous la dalle. Cependant avec ses douze étages la tour domine quand même. Sa façade est constituée de murs rideaux métalliques, système innovant à l’époque. Le nom d’Esso, en lettres lumineuses sur la façade donnant sur l’avenue de La Défense, fut lisible pendant un temps. Ces lettres étaient réalisées en baissant judicieusement les rideaux des fenêtres. L’immeuble ultramoderne est doté d’un des tout premiers self-services, d’une salle climatisée pour des calculateurs IBM, d’un salon de repos, et même d’ une salle de cinéma.

 

Promoteurs et investisseurs doivent donc s’acquitter de « droits à construire » ou plutôt acheter un « volume d’air ». Afin de créer une cohérence architecturale entre les 21 tours de bureaux, l’EPAD ordonne aux développeurs dans un plan de masse en 1964, de respecter des normes communes : 42 mètres sur 24 mètres à leur base et une hauteur de 100 mètres dans le cadre de « l’ordre majeur ». Les architectes sont libres de concevoir l’architecture du bâtiment à partir de ce gabarit. On parlera de la première génération de tours à La Défense. Afin de simplifier la gestion des parcelles, l’EPAD donne des noms de code à chaque bâtiment construit. Le principe est simple : La première lettre de la commune sur laquelle le bâtiment est implanté ;  la seconde lettre indiquant l’usage du bâtiment et enfin son numéro de parcelle. Ainsi la tour Nobel prend le nom PB 31 (P pour Puteaux, B pour Bureaux et 31 pour le numéro de parcelle). La tour Nobel sera la première à sortir de terre. Elle fut conçue par le promoteur français SEMIIC et les architectes Jean de Mailly et Jacques Depussé qui s’inspirent de la tour S.C. Johnson Research construite par Frank Lloyd Wright en 1950. L’ingénieur Jean Prouvé conçut la façade de verre du bâtiment. La tour utilise des vitres courbes sur chacune de ses arêtes verticales, procédé qui, au moment de la construction du bâtiment, était globalement inconnu en France. Les parois vitrées furent importées directement des États-Unis. Monté en six semaines grâce à un coffrage glissant, le noyau central en béton qui regroupe les gaines d’ascenseurs, et de fluides ainsi que les cages d’escaliers, est complété par une charpente métallique et de planchers mêlant acier et béton. La tour est inaugurée en 1966. Cependant sa hauteur ne respecte pas tout à fait les exigences de l’EPAD puisqu’elle mesure 109 mètres de hauteur. Sur le territoire de Puteaux, les premiers logements sont construits. Ainsi la résidence Boieldieu qui regroupe 479 logements est livrée en 1965, suivie de la résidence de La Défense (264 logements HLM) en 1966.

La construction de la tour Nobel
La construction de la tour Nobel
©Archives Epad

 

Répression sanglante au Pont de Neuilly

En pleine guerre d’Algérie, le couvre-feu contre les Nord-africains passe mal. Le FLN prépare dans le plus grand secret une manifestation pour boycotter cette mesure. Le 17 octobre 1961, une dizaine de milliers de personnes originaires d’Afrique du Nord, venues des bidonvilles de Nanterre, Bezons, Courbevoie, Colombes et Puteaux se rassemblent au Rond-Point de La Défense. Le cortège qui se veut pacifique se dirige vers le Pont de Neuilly en vue de gagner le secteur de l’Etoile. Mais la colonne de manifestants se retrouve bloquée par  une section de la FPA, sept hommes du commissariat de Puteaux, renforcée ensuite par une section d’une compagnie d’intervention, soit en tout 65 hommes. Au pont de Neuilly se déroule un des affrontements majeurs de la soirée. Jusqu’à 19 heures, les policiers arrivent à faire face et dirigent au fur et à mesure 500 Algériens vers le commissariat de Puteaux. Mais vers 20 heures, les premiers incidents éclatent. Face à un afflux massif de manifestants, les quelques policiers sur place se retrouvent débordés. Selon des témoignages, ils décident de laisser passer les femmes et enfants mais bloquent le passage aux hommes. La situation dégénère et des combats au corps à corps ont lieu entre manifestants et policiers. Des coups de feu seront tirés. On ignore le nombre de victimes  de cette soirée de violence du 17 octobre 1961.

Célébration d'hommage sur le Pont de Neuilly le 11 octobre 2011 à l'occasion du 50 ème anniversaire. ©Defense-92.fr
Célébration d’hommage sur le Pont de Neuilly le 11 octobre 2011 à l’occasion du 50 ème anniversaire.
©Defense-92.fr

L’arrivée du RER

Dès 1963 et l’arrivée des tout premiers salariés d’ESSO, la problématique des transports en commun se pose. Seuls les bus desservent La Défense. La gare SNCF de La Défense n’existe pas encore. Sur la ligne de Saint-Lazare, les employés d’Esso descendaient et montaient à même les voies. Le matin et le soir, le train s’arrêtait spécialement pour eux devant le CNIT. Puis une gare provisoire desservant La Défense est construite, elle est ouverte uniquement en période de salons. La gare SNCF définitive fut ouverte le 15 février 1970 aux voyageurs; elle était construite à ciel ouvert avant d’être recouverte par la dalle en 1976. [nggallery id=9] En attendant le prolongement de la ligne 1 du métro du Pont de Neuilly à La Défense, il est décidé en 1961 de construire un premier tronçon du RER afin de relier en quelques minutes le nouveau quartier d’affaires à la place de l’Etoile. Il faudra attendre 9 ans pour que ce « nouveau métro » soit inauguré le 19 janvier 1970. La construction de la station de La Défense est réalisée à ciel ouvert face au CNIT de La Défense faisant ainsi disparaitre en 1971, de manière définitive, la place de La Défense et sa statue : celle qui avait donné son nom au quartier. L’EPAD la met en lieu sûr et en fait réaliser une copie en polystyrène, puis en plastique, afin de pouvoir tester plusieurs nouveaux emplacements. La grande station de La Défense est construite sous forme d’un grand hall d’échanges où se regroupent toutes les lignes de transport en commun : sous celles-ci les quatre voies du RER avec deux quais centraux. Entre ces deux niveaux est construit un niveau intermédiaire qui accueillera les quais du métro bien plus tard, en 1991.

 

Le tronçon La Défense-Charles de Gaulle Etoile fut le premier à ouvrir.  Le projet prévoyait d’appeler ce nouveau métro: » Métro Express Régional Défense Etoile ». Une brochure de l’EPAD raconte l’anecdote suivante au sujet de cette dénomination: « Allô, l’EPAD ? Passez-moi le directeur des services techniques s’il vous plaît. Allô, bonjour Monsieur. Je suis le peintre en lettres. Je suis en train de faire vos pancartes ; vous savez celles du métro express. Eh il fallait bien que je vous dise… il me pose un problème, le nom de votre métro. Surtout que vous m’avez demandé de mettre les Initiales en grosses capitales. Vous voyez ce que les initiales de Métro Express Régional Défense-Etoile donnent de loin ?… Ah bon ! Vous aussi vous trouvez qu’il faut changer ça…  » Aucun ingénieur ou responsable ne s’était aperçu de l’incongruité  du sigle obtenu. C’est  à ce peintre que l’on doit le nom de « RER »: Réseau Express Régional

Une rame en gare de La Défense le 23 mars 1970. ©RATP
Une rame en gare de La Défense le 23 mars 1970.
©RATP

 

La première génération de tours

La seconde tour à émerger sera la tour Aquitaine (devenue AIG, puis Chartis et Tour Blanche suite à  sa rénovation de 2012-2013) conçue  par les frères Xavier et Luc Arsène-Henry et Bernard Schoeller pour le compte du groupe Aquitaine, en 1967. Aquitaine respecte parfaitement le plan de l’EPAD avec une base de 24 mètres sur 42 mètres et une hauteur de 100 mètres. Sa façade est faite de bandes verticales dessinées par des poteaux en béton blanc alternant avec des bandes verticales vitrées (représentant 40% de la surface de la façade). Les poteaux saillants moulés sur place donnent un aspect de facettes triangulaires. [nggallery id=10] Trois autres tours seront livrées cette même année :

  • il s’agit des tours du Crédit-Lyonnais PB 12, devenue Opus 12 après la rénovation des années 2000, Aurore CB 17 et Europe CB 14.
  • La tour du Crédit-Lyonnais avec sa base de 24 mètres sur 42 mètres pour 100 mètres de hauteur
La construction de la tour Aurore
La construction de la tour Aurore
©Archives Epad

Le plan de masse qui a vu sortir sur ce modèle les cinq premières tours est rapidement dépassé. Les formes « rectangulaires « , fixées d’avance, ne plaisent plus car elles ne sont  plus adaptées à l’évolution des techniques, à la demande sociologique et surtout économique de plus en plus diversifiée.

Le plan de masse de 1960 ©Archives Epad
Le plan de masse de 1960
©Archives Epad

La courte vie de l’Aérotrain

En juillet 1971, l’ingénieur Bertin élabore un vaste projet qu’il nomme « Aérotrain » pour relier La Défense à Cergy. L’Aérotrain est un véhicule glissant sur un coussin d’air au-dessus d’une voie spéciale en forme de « T » inversé. Le projet de ligne doit relier les deux secteurs éloignés d’une vingtaine de kilomètres en aérien sur le même modèle que la voie expérimentale de 18 km construite dans la région Centre près d’Orléans. Le projet doit transporter 160 passagers à 200 km. Un contrat est signé le 21 juin 1974 avec l’Etat pour relier le nouveau quartier d’affaires à la ville Nouvelle de Cergy. Mais la joie n’est que de courte durée pour Bertin, l’Etat préfère le projet du RER A et revient sur sa décision de l’Aérotrain en annulant le projet le 17 juillet 1974.

En attendant le prolongement du métro, on rêve de mobilité

Le métro qui ne veut pas arriver à La Défense pousse les ingénieurs à imaginer de nouveaux concepts de transport en commun urbain. Pomagalski, qui créé la société Poma spécialisée dans le transport des skieurs (télésièges, télécabines, téléphériques, téléskis,…) imagine en 1968 une télécabine pour relier le Pont de Neuilly au haut de La Défense en passant par le futur boulevard circulaire nord. Quelques années plus tard en 1971 l’ingénieur Bertin propose de construire son aérotrain pour relier dès 1976 La Défense à Cergy-Pontoise. En 1975, toujours pour répondre aux difficultés des transports en commun, une version de transport hectométrique ou « speedaway » empruntant l’esplanade est envisagée. La construction moderniste doit accueillir deux longs tapis roulants (un dans chaque sens) de la Place de La Défense à la cheminée Moretti.

 

Faut-il clore l’axe historique ?

Dès 1969, le promoteur Aaron et la Sefri demandent à l’architecte Leoh Ming Pei de construire une tour de 70 à 80 étages -la plus haute d’Europe- face au CNIT. L’architecte sino-américain propose de placer son ouvrage en plein milieu de l’axe. L’architecte qui concevra trente ans plus tard la tour EDF, propose un double building formant un grand « V » d’une hauteur de 200 mètres qu’il nommera le « Diapason ». Ce sera à partir de cette étonnante proposition que naîtra l’idée d’une « Tête de La Défense ».

 

 

Jalousant la proposition de son confrère, l’architecte Emile Aillaud, proche du président Georges Pompidou fait sa proposition. Il soumet l’idée de construire deux immeubles concaves en forme de demi-cercles de 300 mètres de long et de 70 mètres de haut ouverts sur la capitale. Ce projet ne sera pas vu d’un bon œil. L’architecte conseil de l’EPAD, Daniel Baldani, marque son opposition la plus vive en posant sa démission. Pour lui, ce projet « ferme irrémédiablement l’axe ». A cette opposition, l’intéressé répond « Après la colline de La Défense, le tissu urbain n’existe plus ; ce n’est qu’un panorama ferroviaire  anarchique, coupé de cimetières et d’usines ; une perspective qui a 8 km ne peut durer jusqu’à la mer,… au-delà d’une certaine mesure, la voie « royale » ou « triomphale » n’est plus qu’une route et passe du domaine monumental à la voirie ». Cette situation met le chef de l’Etat dans l’embarras. D’autant plus que l’Académie d’architecture exprime unanimement ses plus grandes réserves.

 

 

Afin de calmer le jeu, l’EPAD lance une consultation : 13 projets sont proposés. Tandis que Pei peaufine ses esquisses, Aillaud rabaisse son projet à 55 mètres de hauteur. Cette modification lui vaudra de remporter la consultation par sept voix contre six. La victoire est confirmée officiellement le 10 juillet 1973, par le ministre de l’Aménagement, Olivier Guichard. Mais la question de fermer définitivement cet axe royal, voulu par Le Nôtre, refait surface. Certains souhaitent y voir un espace public, d’autres un programme privé. L’idée d’y implanter le Ministère de l’Aménagement se répand. Mais le choc pétrolier de 1973 aura raison du projet (cf. paragraphe :  1973, la crise du choc pétrolier freine les ambitions de La Défense).

Les tours de deuxième génération

Les assureurs GAN et UAP souhaitent tous deux construire de grands gratte-ciel sur le site de La Défense. L’UAP désire construire une grande tour pour regrouper l’ensemble de son personnel en un seul immeuble de 70 000 m², chose impossible dans les limites du premier plan de masse. L’EPAD ne pouvait proposer que deux tours voisines de 28 000 m² chacune. Jean-Millier (1917 – 10 octobre 2006) prend la direction et la présidence de l’établissement en 1969 et modifie le plan-masse en permettant aux développeurs de projets de s’acquitter de certaines contraintes de construction, passant également de 800 000 m² à 1 600 000 m²  la surface constructible de bureaux.

La construction de la tour UAP et GAN
La construction de la tour UAP et GAN
©Archives Epad

La hauteur des tours n’est plus limitée; elles peuvent atteindre 200 mètres. Cependant la tour CB 16, (ex EDF-GDF devenue après sa rénovation des années 2000, Logica puis CGI) livrée en 1976 ne va pas opter pour cette liberté et conservera les principes de la première génération. D’une hauteur de 110 mètres la tour est dessinée par les architectes Raymond Gravereaux et Roger Saubot avec Alexandre Arsac et R. Cassagagnes pour le compte d’EDF. Chez Gan, on opte pour la grandeur : le cabinet Abramovitz, Harrison et associés conçoit une tour de 70 500 m² culminant à 180 mètres pour 44 étages. Avec sa forme de croix, Gan est entièrement habillée de panneaux de verre de couleur verte. Légèrement en retrait  de la tour Nobel par rapport à la Seine, Gan (CB 21) (qui deviendra Suez Environnement en 2009) marque de manière magistrale et insolente l’entrée du quartier d’affaires depuis Paris. Lors de sa construction à l’été 1972, alors que seul le noyau en béton est visible depuis Paris, elle s’attira les foudres des parisiens et plus particulièrement de la presse déchaînée. Pendant plusieurs semaines, elle fit les gros titres. En 1972, le président français Georges Pompidou coupe court à la polémique naissante et donne son feu vert pour que toutes ces tours reçoivent leur autorisation de construction.

 

 

La construction de Gan se déroula entre 1972 et 1974. C’est à la même période que la tour Fiat (CB 1) (qui deviendra Framatome en 1995, puis Areva en 2001) est construite par les architectes Roger Saubot et François Julien. En forme de parallélépipède noir dressé, elle mesure 184 mètres de hauteur et se développe sur 120 000 m² dont 100 000 m² de bureaux. Pour beaucoup, cette tour s’inspire des grands monolithes noirs vus dans « 2001, l’odyssée de l’espace », film de Stanley Kubrick. Dans un premier temps, il était envisagé la réalisation d’une seconde tour jumelle située sur l’emplacement CB 2 où est érigée l’actuelle tour Total (ex. Elf jusqu’en 1999 puis Total, Fina, Elf jusqu’en 2003) qui ne viendra qu’une dizaine d’années plus tard en 1985.

La construction de la tour Fiat le 4 janvier 1974 ©Bouygues Construction
La construction de la tour Fiat le 4 janvier 1974
©Bouygues Construction

Egalement construite à cette même période, la tour Assur, portant le nom de code CB 31 (appelée Tour UAP de 1974 à 1998, puis AXA de 1998 à 2007), prend place près de la Seine, face à la première tour de La Défense, la tour Nobel. Elle se développe sur une surface de 68 000 m² répartis sur 39 étages. La tour est conçue par l’architecte Pierre Dufau, elle est construite en 1974 pour le compte de l’Union des Assurances de Paris (UAP) par Bouygues Construction. Haute de 159 mètres, son plan prend la forme d’une étoile à trois branches, séparées les unes des autres par un angle de 120° en partant du noyau central. La forme symbolisait la fusion des trois compagnies d’assurance parisiennes ayant donné naissance à l’UAP.

Le première espace info-Défense en 1974
Le première espace info-Défense en 1974
©Archives Epad

Les premières tours de logements  

Les bureaux deviennent nombreux, mais les logements manquent. La plus haute tour de logements de France est construite du côté Puteaux. Avec une hauteur de 134 mètres, pour 47 étages, la tour Défense 2000, qui a pour nom de code PH 3, offre 370 appartements allant de 19 à 140 m², de la chambre au 6 pièces. Elle est imaginée par les architectes Proux, Demones et Srot et sa construction se déroule entre 1971 et 1974. Son succès n’a pas été immédiat : au bout de deux ans, seulement un quart des appartements avaient été vendus. Son éloignement par rapport aux bureaux de La Défense fut la raison principale des difficultés de commercialisation.

 

Le boulevard circulaire dessine la poire de La Défense

L’une des missions essentielles de l’EPAD est de financer la construction -grâce aux revenus des droits à construire – d’un boulevard circulaire entourant le quartier de La Défense. Il prendra la forme d’une grande poire et sera mis en service en 1970. Son rôle est double : desservir les différents secteurs de La Défense et maintenir une liaison entre la banlieue ouest et Paris. Il est principalement constitué d’un ensemble de viaducs et d’échangeurs. A la différence du boulevard périphérique parisien, le circulaire est à sens unique avec une circulation allant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en venant de Paris.

Construction du boulevard circulaire
Construction du boulevard circulaire

 

1973, la crise du choc pétrolier freine les ambitions de La Défense

Le premier choc pétrolier de 1973 va marquer un tournant dans l’évolution de La Défense.  Dès l’année suivante, en 1974, le secteur immobilier de La Défense est ébranlé. La campagne « anti-tours » jugées trop impersonnelles ne va rien arranger. Les tours éclairées de manière permanente au néon, leur très forte consommation en climatisation et leur mauvaise insonorisation sont rejetées. Plus un mètre carré de bureaux ne sera vendu pendant trois ans: 600 000 m² sont inutilisés. La tour Manhattan (CB 18) des architectes Michel Herbert et Michel Proux de 32 étages pour 110 mètres de hauteur s’étalant sur 80 100 m², livrée en 1975, reste vide, ne trouvant aucun locataire. La tour Ariane (PB 13) de 57 300 m², livrée en 1975, subit le même sort ainsi que la tour Neptune de 50 000 m² (CB 33), livrée également la même année. Le déficit de l’EPAD atteint un record de près de 800 millions d’euros.

L’art s’invite entre les tours

Si la crise ralentit la croissance de La Défense, la culture fructifie. En 1977, l’EPAD lance le festival « La Défense Jazz Festival » qui perdure encore aujourd’hui et est organisé chaque année. Depuis 1958, de nombreuses œuvres d’art signées de grands noms sont implantées dans le quartier. Fresques, statues, sculptures, mosaïques,… vont faire de La Défense un véritable musée à ciel ouvert. En 1976, Calder monte « Le Calder de La Défense » sur la place de La Défense, la même année, « le Personnage » de Miro prend place face à ce qui deviendra cinq ans plus tard le centre commercial des Quatre Temps.

 

La « reprise » ouvrira la troisième génération de tours

En 1978, il est envisagé de stopper La Défense, mais Jean Jerusalemy, secrétaire général de l’EPAD de 1961 à 1988 qui a eu pour rôle de faire remplir les centaines de milliers de mètres carrés vides, réussit à convaincre le directeur de cabinet de Raymond Barre de poursuivre le développement du quartier. Le Premier Ministre de l’époque  annonce l’autorisation de la construction de 350 000 m² de bureaux supplémentaires en octobre 1978. Cette mesure va inciter les investisseurs et développeurs à se relancer dans la construction de bâtiments. La Citybank, première banque au monde, très enthousiaste bondit sur l’occasion et fait construire Elysée La Défense, un immeuble de 21 000 m² situé au-dessus du nouveau centre commercial des Quatre Temps. Le nouveau plan d’aménagement demande aux développeurs de bâtir des constructions moins hautes, plus confortables, lumineuses et économiques, réduisant ainsi le coût des charges. Ce sera « la troisième génération » de tours. En sortiront les tours Pascal (PB 111 et PB 112) de l’architecte Henri de la Fonta d’une surface de 64 000 m², livrées en 1983 ; la tour Voltaire conçue par le même architecte et livrée quelques années plus tard, en 1988, qui se développe sur 40 000 m² et prend le même aspect que ses voisines. La tour Descartes (CB 50) de 80 000 m² pour 40 étages est livrée la même année pour le géant de l’informatique IBM.

Construction de la tour Pascal le 3 mai 1983. ©Bouygues Construction
Construction de la tour Pascal le 3 mai 1983.
©Bouygues Construction

La tour ELF (CB 2) prend la place de ce qui aurait dû être la sœur jumelle de la tour Fiat (CB 1). Entièrement vêtue (recouverte) d’une façade vitrée de couleur bleutée, elle offre l’aspect d’un miroir. Elle s’élance sur 187 mètres, pour une surface de 130 000 m² répartis sur 48 niveaux. Elf, tire les enseignements des différents ratés avec les précédents grands bâtiments.

La construction de la tour Elf le 2 septembre 1983. ©Bouygues Construction
La construction de la tour Elf le 2 septembre 1983.
©Bouygues Construction

L’après-crise va être marquée par l’arrivée d’un jeune promoteur qui fera beaucoup parler de lui. Christian Pellerin (né en 1944) devient rapidement le président de la société de promotion immobilière Sari et profite de ce mouvement de relance. Il va construire en dix ans un tiers des nouvelles surfaces de bureaux du quartier. Son objectif est de créer un environnement alliant confort et économie pour les occupants. Les bureaux sont désormais éclairés au maximum par la lumière naturelle. Le promoteur innove en faisant installer les locaux techniques destinés à régler le chauffage à chaque étage, alors qu’auparavant les locaux techniques étaient cantonnés aux sous-sols. Surnommé le « concepteur du quartier de La Défense » ou encore le « promoteur de La Défense », il mènera à bien de très nombreux projets comme les tours Pascal et Voltaire qui seront ses premières réalisations. Parallèlement, le centre commercial des Quatre Temps, alors le plus grand centre commercial d’Europe, est inauguré le 2 mars 1981, par le Premier ministre Raymond Barre. Ce centre ultramoderne s’étend sur 105 000 m² dont 80 000 m² de commerces et 20 000 m² pour les loisirs. Une discothèque, un cinéma et même une patinoire y prennent place. Côté enseignes on y trouve de tout : la Samaritaine, Auchan,…

 

 

La Courte vie de la patinoire : Grande innovation du centre à son ouverture: la patinoire – qui n’était pas à proprement parler une patinoire faite d’un revêtement glacé, mais d’une surface blanche – aura connu une vie très courte. Ouverte en même temps que le centre, en 1981 dans ce qui est aujourd’hui appelé la « Carrière » elle fut fermée moins de 2 ans après, étant considérée comme favorisant les regroupements de jeunes.

En 1983, en face du nouveau centre des Quatre Temps, Christian Pellerin inaugure l’immeuble « Maison de La Défense » qui développe 21 000 m². Les premiers habitants de la résidence OPHLM de Puteaux s’installeront en 1984 dans l’immeuble des Platanes situé au bord de l’esplanade. Avec sa forme de H, le bâtiment, dessiné par Georges Rophé offre 215 logements HLM répartis sur une quinzaine d’étages. L’ouvrage bénéficie de trois accès: un premier sur le parvis, un second depuis la rue Delarivière le Foullon et enfin un accès depuis les voies de desserte intérieure, la voie des Sculpteurs.

 

La statue de La Défense de retour ! : Après presque 20 ans d’absence, la Statue de La Défense signée de l’artiste Barrias est de retour en 1983. Elle retrouve quasiment sa place au mètre près. Si elle n’est plus au centre du Rond-point de La Défense – qui n’existe plus – elle est désormais dans le patio situé entre la Place de La Défense et l’Esplanade.

Ré-implantation de la Statue de La Défense en 1983. ©Archives EPAD
Ré-implantation de la Statue de La Défense en 1983.
©Archives EPAD

Le retour du projet « Tête Défense »

Devenu obsession pour l’EPAD et les architectes, le projet Tête Défense revient officieusement à l’été 1979 avec une consultation qui restera infructueuse. C’est le jour de la fête du 8 Mai 1980, que l’EPAD relance, cette fois-ci de manière officielle, une consultation auprès de 23 architectes. Pour ne pas froisser « les anti-tours » l’EPAD demande aux concurrents que leur projet ne soit pas visible du Louvre à la place de l’Etoile, préservant ainsi la voie des Rois. Le Ministre de l’Environnement et du Cadre de Vie, Michel d’Ornano retiendra le projet de Jean Willerval qui met en scène des immeubles « cristaux » qui ne dépassent pas une hauteur de 50 mètres depuis la dalle. A la différence du projet de Aillaud, Willerval propose de percer son immeuble en deux pour préserver la perspective

L’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981, marquera un coup d’arrêt au projet. Roger Quilliot, le nouveau ministre de l’Urbanisme annonce officiellement l’abandon du projet. Mitterrand préfère que soit construit un immeuble fort et symbolique plutôt qu’un immeuble de bureaux. Le 7 juillet 1982, Roger Quilliot et Robert Lion lancent un grand concours international pour fermer l’axe de manière magistrale. Les candidats doivent répondre à un programme comprenant quatre éléments principaux : – Un carrefour international de la communication sur 45 000 m², – Les organismes associés à ce carrefour sur 30 000 m2, – Les ministères de l’Urbanisme, du Logement et de l’Environnement sur 75 000 m², – Des services et commerces sur 10 000 m². Ce concours a réuni 424 projets anonymes venus du monde entier. Quatre seront sélectionnés par l’EPAD et présentés au Président. A l’issue de ce grand concours, François Mitterrand, dans un communiqué déclare : « Le président de La République a apprécié le haut niveau architectural des projets qui lui ont été soumis. Parmi, ceux-ci, il a été décidé de retenir la proposition de Johann Otto von Spreckelsen, dont le projet est apparu « remarquable » par sa « pureté », par la force avec laquelle il pose un nouveau jalon sur l’axe historique et par son ouverture ». Les responsables du projet iront chercher l’architecte, inconnu en France, dans son pays, le Danemark. La construction de l’ouvrage ne démarrera que quelques années plus tard… Johann Otto von Spreckelsen et Erik Reitzel conçoivent l’Arche de la Défense comme un Arc de Triomphe revisité, version XX ème  siècle. Mais contrairement à l’Arc de Triomphe qui était synonyme de la victoire des armés françaises, l’Arche de La Défense, appelée également Arche de la fraternité se veut être un monument consacré à l’humanité et aux idéaux humanitaires. De forme cubique,  les mensurations de l’Arche sont de : 112 mètres de long, 106,9 mètres de large, pour une hauteur de 110,9 mètres. Le vide intérieur permettrait d’abriter la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Sa forme d’un hypercube se rapproche d’un « tesseract ». Les deux architectes Johann Otto von Spreckelsen et Erik Reitzel utilisent des matériaux de grande qualité pour réaliser l’ouvrage : béton précontraint à base de fumée de silice, alliant solidité et flexibilité (une densité de 350 kg/m³ contre 120 kg/m³ pour un pont normal), 2,5 ha de verre anti-reflets, 3,5 ha de marbre de Carrare, utilisé par Michel-Ange pour ses œuvres. Sur ses deux façades, nord et sud, la Grande Arche est recouverte de plaques de verre teinté en noir de 5 cm d’épaisseur, traitées spécialement pour empêcher toute déformation optique et résister à des vents de forte puissance. Les autres parements sont recouverts de plaques de marbre blanc de Carrare sur la façade nord. Jusqu’en 2010, la façade sud était revêtue de marbre blanc de Carrare, mais suite à la chute de plusieurs plaques, le Ministère de l’Environnement propriétaire de la paroi sud, fait remplacer le marbre par un granite gris. L’Arche est posée sur 12 piliers qui s’enfoncent à 30 mètres dans le sol et supportent sa masse de 300 000 tonnes. Le bâtiment possède une mégastructure conçue de telle sorte que les forces soient exercées dans toutes les directions un peu comme un dé. L’Arche pourrait d’une part être levée et d’autre part reposer sur n’importe quelle face. Chaque face horizontale du cube est composée de quatre fois quatre traverses de béton de 75 mètres de long.

Le métro qui n’arrivera pas, quoi que ! Toujours soucieux de voir le métro arriver à La Défense, l’EPAD profite de la construction du centre commercial des Quatre Temps pour réaliser sous le centre et les quatre niveaux de parking une « grande boîte » en béton pour accueillir la station de métro. Il fait de même en réalisant un ouvrage similaire sous le quartier Michelet. L’établissement espérait que cette initiative pousserait la RATP à prolonger la ligne de deux stations en construisant un tunnel qui passerait sous la Seine et rejoindrait les deux réserves. Mais à la fin des années 80, la Régie de Transport Parisien, choisit de faire passer le métro sur le Pont de Neuilly – solution beaucoup moins coûteuse – et de suivre le tracé de l’autoroute A14. Naîtra alors une première station sous le bassin de l’artiste Takis et une seconde, le nouveau terminus de la ligne 1 dans la salle d’échanges du RER. Ces deux réserves se retrouvent donc sans aucun usage et sont depuis presque inaccessibles. Mais l’arrivée du Grand Paris Express à La Défense pourrait donner une vie à la « station fantôme » sous les Quatre Temps. Il est prévu que la gare de La Défense de la ligne 15 utilise cette boîte.

 

Cette même année 1981, le salon de la navigation et de la plaisance qui se tient au CNIT sera très remarqué en raison de l’héliportage des flotteurs du trimaran d’Eric Tabarly. Trop encombrante pour être véhiculée entre les tours par camion, cette grande pièce est transportée par hélicoptère. Le reste du bateau, arrivé au CNIT en camion, retrouvera son flotteur pour y être assemblé. Sur les fondations des travaux d’un hôtel -projet confié à l’origine aux architectes Ducharme, Minost, Fishcher et Kopniak- commencé, puis abandonné, l’architecte Jean Balladur construit l’immeuble de bureaux PB 5 en 1983 pour le compte du réassureur Scor. L’immeuble comprend 26 800 m² de bureaux pour 16 étages. La Sari va faire sortir de terre de nouveaux quartiers en seulement quelques années. Elle est à l’origine d’une grande partie du quartier Michelet où elle construit entre 1985 et 1986, les immeubles Acacia (PB 26) et Galilée (PB 15 et PB 16), les immeubles Michelet  (PB 22, PB 23 et PB 24), l’immeuble Coface (PB 18, PB 19, PB 20 et PB 21). La tour Athéna (PB 25) érigée en 1984 et la tour Michelet (PB 17) sont toutes deux construites par un autre promoteur.

L’EPAD, une histoire de plus de trente ans : Créé pour une durée initiale de 30 ans, l’EPAD va être prolongé à plusieurs reprises. Son mandat a été reconduit une première fois jusqu’en 1992 afin de poursuivre l’aménagement du quartier Valmy. L’établissement sera ensuite prolongé jusqu’en 2007, puis  jusqu’en 2010 et enfin jusqu’en 2015. En revanche, l’établissement n’atteindra pas 2015 puisqu’il fusionnera avec l’EPASA en 2010 pour former l’EPADESA.

Au milieu des années 80, la firme IBM souhaite regrouper ses activités dans le quartier de La Défense. A l’issue d’une consultation menée avec la Sari, elle confiera la construction de son siège français à Fernando Urquijo, Giorgio Macola et Jean Willerval. Il faudra attendre 1987 pour que la grande tour IBM (CB 50) accueille les premiers salariés du géant mondial de l’informatique sur plus de 77 000 m² répartis sur 40 niveaux. Après moult rebondissements, polémiques et tergiversations, en 1985, les premiers coups de pioche du projet « Tête Défense » sont donnés, sur ce qui va devenir l’un des plus grands chantiers de l’histoire de La Défense. Le projet de la Grande Arche est né. Les travaux sont confiés à l’entreprise Bouygues Construction. Environ deux mille ouvriers contribueront à la réalisation du monument, deux d’entre eux perdront la vie lors de la construction des structures supérieures. En pleine construction durant l’été 1986, Johann Otto von Spreckelsen demande à être libéré de toutes ses obligations concernant l’Arche pour des raisons de santé. La Maîtrise d’ouvrage accepte cette demande de désengagement, et l’architecte Danois confie la responsabilité pour l’architecture à Paul Andreu. Il décédera le 16 mars 1987 à Hørsholm sans  voir son œuvre terminée.  

Les travaux de la Grande Arche le 1er mai 1987. ©Bouygues Construction, Pascal Cornier
Les travaux de la Grande Arche le 1er mai 1987.
©Bouygues Construction, Pascal Cornier

Les Quatre Temps victime d’un attentat

Le 12 septembre 1986, à 12h30 une explosion se produit dans la cafétéria Casino du centre commercial des Quatre Temps. L’attentat, qui ne fera aucun mort, causera 41 blessés et engendrera d’importants dégâts. La bombe placée dans une boite en fer blanc est déposée sous un banc. Face à l’importante déflagration, une cliente est soulevée et projetée dans les vitres du restaurant. Le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua se rend sur place pour condamner l’attentat revendiqué à Beyrouth, d’une part par « Les partisans du droit et de la liberté » et d’autre part par le CSPPA.

Le CNIT s’apprête à renaître

Alors qu’une multitude de grues sont visibles depuis l’avenue Charles de Gaulle, la Sari entreprend de rénover le CNIT qui a vu son attractivité pour les salons fortement diminuée pour de multiples raisons. La difficulté croissante de l’accès des camions de livraison, la construction des halls d’expositions de la Porte de Versailles qui offrent des surfaces nettement supérieures, attirent les salons qui ont besoin de plus en plus d’espace. En 1988, la coquille est entièrement vidée. Christian Pellerin, président de la Sari, confie la rénovation du plus vieux bâtiment de La Défense aux architectes Andrault et Parrat, Torrieri et Lamy avec Zehrfuss comme architecte-conseil. Seule la voûte et les façades sont conservées. L’intérieur est entièrement vidé et complètement transformé avec la construction d’un ensemble de bureaux, d’un hôtel de luxe et d’une zone commerciale accueillant notamment la Fnac dès 1989. Le tout est disposé en couronne autour d’un grand patio central. Un espace technologique de nouvelle génération, baptisé « Infomart », destiné à abriter des entreprises de l’informatique et du futur est créé. Un centre des congrès est construit en sous-sol, avec deux amphithéâtres de référence, Goethe et Léonard de Vinci.

 

 

Inauguration du CNIT en octobre 1989
Inauguration du CNIT en octobre 1989

 

 

La Défense a droit à son « Imax » et à son musée de l’automobile

Juché sur le toit de l’hyper Auchan des Quatre Temps, le Musée de l’automobile ouvre en 1991. Toute l’histoire de l’automobile, découpée en périodes y était présentée. Plus de 110 voitures de collection étaient exposées dans cet espace créé par le Conseil Général des Hauts-de-Seine. Le faible nombre de visiteurs entrainera la fermeture des lieux en 2000. Le Dôme Imax ouvrira lui, un an plus tard en 1992. Cette structure faite de béton, d’acier et de verre se vante de posséder le plus grand écran hémisphérique de 180° au monde. Cette salle ne projetait que des films au format Imax. Lors de sa courte exploitation au format Imax, le film Fantasia 2000 des studios Disney avait attiré de très nombreux spectateurs. En quatre mois, le dessin animé avait réalisé les meilleures recettes jamais enregistrées par le dôme. Cependant le reste de la programmation consacrée essentiellement à la faune aquatique ne recueillit pas le même succès. Faute de public, le dôme Imax ferma définitivement ses portes le 24 décembre 2000.

La Grande Arche inaugurée en beauté

C’est sans son architecte, deux ans après sa mort, que la Grande Arche de La Défense est inaugurée en juillet 1989. L’Arche accueillera un événement de taille pour son ouverture. Du 14 juillet au 17 juillet 1989, le G7 y est organisé, célébrant par la même occasion le bicentenaire de la prise de la Bastille. Le sommet du G7 réunira George H.W. Bush, président des Etats-Unis ; Sōsuke Uno, premier ministre du Japon ; Helmut Kohl, chancelier fédéral ouest-allemand ; Margaret Thatcher, premier ministre du Royaume-Uni ; Ciriaco De Mita, président du conseil Italien ; Brian Mulroney, Premier ministre du Canada et leur hôte François Mitterrand, président de la France. Le public devra attendre le 26 août 1989 pour pouvoir accéder au Toit de l’Arche. Après avoir pris l’un des six ascenseurs panoramiques, les visiteurs peuvent profiter de l’accès au belvédère pour observer l’axe historique.

Le sommet du G7 à la Grande Arche du 14 juillet au 17 juillet 1989.
Le sommet du G7 à la Grande Arche du 14 juillet au 17 juillet 1989.

 

Jean-Michel Jarre enflamme La Défense : Des tours transformées en écrans géants, de la musique électro, en ce 14 juillet 1990, la fête est à La Défense. Le célèbre artiste offre un concert gratuit depuis l’extrémité de l’Esplanade de La Défense. Deux millions et demi de personnes assisteront à ce show qui restera inscrit dans l’histoire du quartier. La scène de l’artiste est montée au bout de l’Esplanade de La Défense, tandis que la foule s’étale du Pont de Neuilly (où les travaux de l’autoroute et de prolongement de la ligne 1 du métro n’ont pas encore commencé) jusqu’à l’Arc de Triomphe. Les tours Gan, Axa et Nobel sont revêtues de grands voiles blancs. Elles serviront d’écrans pour projeter des images et vidéos. Les autres immeubles comme Acacia, Neuilly Défense, la Grande Arche ou encore la tour Ariane sont, elles, colorées par de puissants projecteurs. Lors de ce concert ont été joués :

  • Oxygène 4
  • Equinoxe 4
  • Equinoxe 5
  • Souvenir de Chine
  • Chants Magnétiques 2
  • Ethnicolor
  • Ethni-transition
  • Zoolookologie
  • Révolution, Révolutions
  • Rendez-Vous 2
  • Calypso 2
  • Calypso 3
  • Calypso 1
  • Rendez-Vous 4
  • Calypso 1 (Rappel)
Concert de Jean-Michel Jarre le 14 juillet 1990. ©Jean-Michel Jarre
Concert de Jean-Michel Jarre le 14 juillet 1990.
©Jean-Michel Jarre

 

Les réserves du CNAP dans les entrailles de la dalle 

Sous la fontaine du bassin Agam et sa machinerie un niveau plus bas, sont installées depuis 1991 les réserves de la CNAP (Centre National des Arts Plastiques). En surface, face à la tour Ariane, seule une partie des réserves du CNAP sont apparentes  dans un bâtiment rectangulaire avec trois façades et un toit entièrement vitrés, conçu par l’agence AUM de Maxime Ketoff et Marie Petit. L’œuvre « La Défonse » de l’artiste François Morellet vient saillante saillir sur la dalle. Le CNAP accueille environ 90 000 œuvres, dont 3 500 sont déplacées chaque année en vue d’une exposition ou d’une manifestation. Un atelier de restructuration y est également installé.

Du cinéma en plein air

Avec la Grande Arche comme toile de fond, le festival Paris Quartier d’Eté se tient sur le Parvis les 29, 30 et 31 juillet 1992. Au pied de l’Arche un grand écran panoramique est installé sur lequel est projeté trois soirs de suite le film « Napoléon » d’Abel Gance, la partition musicale est jouée par un orchestre.

Les abords de l’Arche changent

En 1990, la tour Esplanade (ex Séquoia), d’une surface de 55 000 m² s’ajoute à la longue liste des tours de La Défense, c’est Michel Andrault qui l’imaginera. Accompagnant la réalisation de la Grande Arche, deux programmes voient le jour en 1991 : Les Passages de l’Arche et les Collines de l’Arche viennent s’accoler au monument. « Les collines de l’Arche », implanté à droite de l’Arche en venant de Paris propose une surface de bureaux de 70 000 m² et l’immeuble » Passage de l’Arche » à gauche 30 000 m². Tous deux sont nés des crayons de Jean-Pierre Buffi.

 

La Défense sportive

En ce jour de Noël 1989, c’est l’effervescence sur le Parvis. La dixième étape du Paris-Dakar a pour ligne de départ le quartier de La Défense, au pied de la toute nouvelle Grande Arche, d’où s’élancent 236 autos, 136 motos et 93 camions. Le 14 décembre 1991 la flamme olympique des Jeux Olympiques (JO) d’Albertville fera un petit passage par La Défense. En cette journée elle est remise officiellement par le Président du Comité Olympique Hellénique aux Présidents du C.O.J.O., Michel Barnier et Jean-Claude Killy. A 13 heures précises, un Concorde décolle d’Athènes pour Paris. La Flamme arrive vers 15 heures à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle pour rejoindre le Palais de l’Elysée, les Champs-Elysées puis le quartier de La Défense. La transmission de la flamme a lieu sous le « nuage » de la Grande Arche. Deux ans et demi après le Paris-Dakar, le 26 juillet 1992, l’ASO (Amaury Sport Organisation), organisateur de la course, fait partir la 21ème étape du tour de France qu’il organise également. Pour cette ultime étape de 175 kms qui doit se terminer sur les Champs-Elysées, un peloton de 175 coureurs quitte le Parvis de La Défense devant des milliers de spectateurs. Dix-huit ans après le départ du Dakar, Patrick Zaniroli, l’organisateur de la Transafricaine Classic choisit le Parvis de La Défense comme point de départ de la seconde édition de sa course, le 1er novembre 2007. Cette épreuve est une copie des premières éditions du rallye Paris-Dakar, et met l’accent sur la navigation et la régularité plutôt que sur la vitesse pour être plus accessible aux amateurs. Le 13 novembre 2008, pour la troisième édition de la Transafricaine, une centaine de 4×4, camions et quads s’élanceront encore de la dalle de La Défense. Jean Sarkozy donnera le départ aux concurrents. En 2009, alors que la quatrième édition doit partir de La Défense pour la troisième année le 1er octobre, la course est finalement annulée pour des raisons économiques. 2008 aura donc été la dernière année de cette course rallye.

Le départ du Paris-Dakar le 25 décembre 1989.
Le départ du Paris-Dakar le 25 décembre 1989.

 

La naissance d’un nouveau quartier et de la quatrième génération

Pour cette quatrième génération, les architectes réinventent de nouvelles tours utilisant de nouveaux matériaux les rendant plus lumineuses, souvent entièrement vitrées et plus respectueuses de l’environnement Le début des années 90 verra naître un tout nouveau quartier, le quartier Valmy. Les premiers immeubles de bureaux à sortir de terre seront signés par le promoteur Sari. Il s’agira des immeubles Kupka (A, B et C) en 1992. Les trois immeubles totaliseront  55 000 m². En face, la Sari construit à la même période le programme La Pacific qui développe 55 800 m². La Pacific et les tours Kupka A et B sont reliées par le Japon Bridge qui enjambe la D 914. Ce passage aérien est dessiné par l’architecte Japonais Kisho Kurokawa (8 avril 1934 – 12 octobre 2007), qui a conçu l’immeuble Pacific. Son tablier en acier comporte une voûte transparente en verre protégeant intégralement les usagers de la passerelle. Il est suspendu à deux arcs d’acier, peints en rouge, qui se rejoignent en leur milieu et qui prennent appui sur chacun des immeubles. Les extrémités de la passerelle accèdent directement à des échancrures pratiquées au milieu de chacun des immeubles, comme des portes monumentales. Elle sera mise en service en 1994. La même année, l’Atelier de Roland Castro, inaugure le programme Espace 21 qui propose 84 000 m² de bureaux. L’année suivante sera marquée par l’une des plus importantes livraisons de surfaces de bureaux du quartier de La Défense. La banque Société Générale se fait livrer pour son propre usage les tours jumelles Chassagne et Alicante développant 126 000 m². C’est à partir de ce moment que l’on surnommera le quartier Valmy, le quartier de « la Société Générale » en raison de sa forte présence dans le quartier. La banque privée occupe également des surfaces dans la Pacific et dans Espace 21. L’an 1997, sera livré l’hôtel Renaissance qui propose une offre de 327 chambres. Le bâtiment en forme de triangle est imaginé par l’architecte Michel Andrault. Ce même architecte signera avec Nicolas Ayoub, la conception de l’immeuble de bureaux KPMG d’une surface de 15 500 m² situé juste en face de l’hôtel Renaissance.

Construction de la tour Pacific et de la tour Kupka ©Laurent
Construction de la tour Pacific et de la tour Kupka
©Laurent

Le métro 1 est enfin à La Défense

Depuis le temps qu’il était attendu ! Le métro sort enfin du tunnel. Le 1er avril 1992, jour des « poissons d’avril », la RATP met en service, le prolongement de la plus vieille ligne de métro de Paris vers La Défense. Pour faciliter le passage du métro sur le Pont de Neuilly, celui-ci a été élargi. Après avoir franchi le Pont de Neuilly, le métro suit l’axe historique et longe le tracé du tunnel de  l’A14, tout cela en souterrain. Deux nouvelles stations sont construites : Esplanade de La Défense et La Défense Grande Arche. La première est composée d’un quai central entre  deux voies. Le terminus de la ligne, la station » La Défense Grande Arche » est constitué d’un quai et d’une voie de terminus à droite de l’Arche (en venant de Paris) ainsi que d’un quai d’embarquement et d’une voie à gauche de l’Arche. Les emprises, réservées vingt ans plus tôt par l’Établissement public pour l’aménagement de la région de la Défense (l’Epad) pour le prolongement, comprenant notamment les stations La Défense – Michelet et Élysées – La Défense, restent donc inutilisées. Consulter l’encadré, ci-dessus.

 

Le Faubourg de l’Arche, le dernier quartier de La Défense

L’histoire débute en 1986, alors que la ville de Courbevoie souhaite réaménager entièrement un quartier encore préservé des bulldozers. Au nord ouest de l’Arche, dès 1988, les premières acquisitions foncières sont faites par la SEMCODAN (Société d’économie mixte Courbevoie Danton), société d’économie mixte au capital partagé entre la ville de Courbevoie (60%), la Caisse des dépôts et des consignations (20%) et le groupe Vivendi (20%). Tout le quartier, qui prend le nom du « Faubourg de l’Arche » va se voir entièrement réaménagé. Le programme initial comprend : – quarante-deux immeubles résidentiels, – six résidences privées de type appart’hotel, pour les étudiants, – le pôle universitaire Léonard de Vinci – trois hôtels, dont l’Hôtel Pullman Paris La Défense, – six immeubles de bureaux, – dix espaces verts, Ainsi que plusieurs commerces.

Perspective des tours Adria, Egée et Cèdre
Perspective des tours Adria, Egée et Cèdre

Après des premières démolitions en 1989, le démarrage des premiers programmes de logements débute en 1991. Le Pôle Universitaire Léonard de Vinci, dit la « Fac Pasqua » est inauguré en 1995 après un début de travaux en 1993. En 1996, le chantier de la tour Cèdre et de l’immeuble « Le Colisée » débute. Conçu par le cabinet Conceptua et développé par le promoteur Sari, Cèdre est une tour de 103 mètres de haut pour 30 180 m² qui sera livrée en même temps que le Colisée en 1998. Un an plus tard une grande passerelle provisoire passant au dessus du circulaire est construite pour permettre la liaison entre le Parvis et ce nouveau quartier. C’est à cette même période que débutent les travaux de la tour Egée. La tour propose un programme de 60 000 m², Lucia assurera la maitrise d’ouvrage. Quasi jumelle d’Egée, mis à part sa couleur de façade, Adria, qui totalise 54 000 m² voit ses travaux stoppés pendant plusieurs mois pour des raisons financières … Elle est développée par la Sari.

La seconde crise frappe La Défense

En 1992, la Défense, comme beaucoup d’autres quartiers, connaît sa seconde crise de l’immobilier. L’EPAD ne vend plus aucune charge et il faut attendre 1997 pour qu’un redémarrage spectaculaire surgisse, illustré par la construction des tours de Cœur Défense, qui seront livrées en 2001. Durant cette crise, l’établissement ne baisse pas les bras et développe les atouts du quartier en faisant câbler tous les bâtiments afin qu’ils soient raccordés à l’internet haut débit.

Premier construit, premier démoli: l’immeuble Esso

A son ouverture, il était une référence, jugé « dernier cri » et « d’ultra moderne » apportant de nouveaux services inédits pour ses utilisateurs. Mais trente ans après il n’est plus adapté aux besoins, le tout premier occupant le quitte avant qu’il ne soit déconstruit en 1993.

Explosion à la centrale Climadef (extrait de la revue « Allo 18 » de juin 1994 n° 515) : Le lundi 30 mars 1994 vers 1h30 du matin, une explosion d’une rare intensité perce le sommeil des habitants du Faubourg de l’Arche et de La Défense. Les effets sonores sont perceptibles à plusieurs kilomètres à la ronde. L’origine de la déflagration se situe au cœur de la centrale thermique Climadef, installée au 5 rue de Caen à Courbevoie. Véritable cœur thermique l’installation fournit l’eau chaude et l’air conditionné à une grande partie des immeubles de la Défense. Construction de forme pyramidale, l’usine est entièrement constituée d’une structure métallique reposant sur une dalle et des piliers en béton. Elle est recouverte sur toutes ses faces d’ardoises et de tôles en zinc. Construite sur 9 niveaux dont 2 en sous-sol, elle est accessible au rez-de-chaussée sur tout son périmètre. Les rideaux métalliques qui la ceinturent sont baissés en dehors des heures ouvrables. Les 2 niveaux du sous-sol et le rez-de-chaussée regroupent sur des surfaces non cloisonnées 5 chaudières dont 2 fonctionnent au gaz et 3 au charbon, une zone de stockage pour le charbon et diverses matières. Les étages comportent différentes salles de commande et de contrôle séparées par des cloisons légères. Les circulations horizontales et verticales sont réalisées par des passerelles et escaliers métalliques. Le gaz est acheminé jusqu’aux chaudières par une conduite de 300 mm, sous 4 bars de pression, circulant en sous-sol. Le courant électrique est distribué dans les locaux en 220 et 380 volts et l’éclairage est assuré par des tubes fluorescents. Les moyens de secours de l’établissement comportent des extincteurs appropriés aux risques, un système d’extinction automatique au halon et des robinets d’incendie armés. Le premier appel parvient au centre de coordination des opérations et des transmissions à 01h31. Les nombreux appels reçus ensuite laissent présager un sinistre important, les procédures complément d’anticipation, renfort incendie et plan rouge sont déclenchées successivement. L’usine présente un trou béant par lequel s’est échappé le souffle de l’explosion. Des pavillons situés à quelques mètres ont été dévastés par la déflagration. Plus loin, un foyer de travailleurs migrants et un immeuble d’habitation ont été également endommagés. Les ardoises de la toiture se sont fichées verticalement dans le sol comme autant de projectiles mortels alors que les arbres ont été déchiquetés en leur milieu. Des véhicules stationnés à proximité ont été retournés et écrasés par le souffle. A 1h37 lorsque le départ normal de Nanterre se présentent, deux importants foyers d’incendies sont visibles et des habitants du quartier, choqués, déambulent dans les rues. Une reconnaissance rapide des lieux permet à l’officier de permanence de percevoir la violence et l’ampleur du drame. Une partie de la centrale thermique est en feu, et une importante fuite de gaz enflammée menace le voisinage. Un incendie s’est également déclaré dans un immeuble de bureaux préfabriqué de 400m2, avec des risques de propagation à un pavillon contigu. De nombreuses personnes hagardes et affolées, à la recherche de proches ou de voisins, se manifestent auprès des premiers intervenants. Parmi elles, un père de famille dont la fillette est restée prisonnière des décombres de leur pavillon. Le commandant des opérations de secours doit donc engager simultanément ses personnels sur plusieurs fronts : 1- recherche et sauvetage des victimes ensevelies 2- lutte contre les foyers d’incendie 3- soins d’urgence aux blessés La présentation rapide de la voiture PC sur les lieux permet d’établir sans délai une chaîne de commandement opérationnelle de nature à favoriser et coordonner l’engagement des moyens. L’étendue du sinistre nécessite la création de deux secteurs opérationnels aux ordres d’un officier. Le secteur EST, englobe le feu de l’ensemble de bureaux et toute la partie située rue de Caen. Le secteur OUEST prend en compte le foyer principal côté rue d’Alençon. L’arrivée des engins du renfort incendie permet d’attaquer d’emblée les deux foyers avec des moyens importants. Sept grosses lances sont établies, quatre luttent contre le foyer intéressant la centrale, les trois autres manœuvrent sur le feu de bureaux. La première ambulance de réanimation qui se présente reçoit pour mission de s’occuper de la fillette ensevelie. Rapidement dégagée, les premiers gestes réalisés permettront de la réanimer et de la maintenir en vie. Malheureusement elle décèdera 48 heures plus tard à l’hôpital. Le plan rouge monte en puissance. L’emplacement d’un poste médical avancé est trouvé, il s’agit d’un restaurant situé angle rue Berthelot et rue du Mans. Il est aménagé et équipé aux ordres du directeur des secours médicaux. Le ramassage s’organise. Il couvre une zone très étendue. Le flux des blessés est progressif et les structures médicales sont suffisantes. A 2h10 après une reconnaissance minutieuse avec l’officier de permanence, le lieutenant-colonel commandant le 3ème groupement d’incendie prend le commandement des opérations de secours. Il confirme l’organisation déjà établie et dirige les opérations en liaison directe avec les chefs de secteurs et le directeur des secours médicaux. Parallèlement, la Police a mis en place un dispositif très important qui lui permet de boucler les rues, facilitant ainsi l’accès des secours et évitant les actes de pillage. Les opérations de lutte contre l’incendie, les missions de sauvetage-déblaiement et les soins aux victimes sont menés conjointement et avec efficacité. Le recensement des personnels de la CLIMADEF permet d’établir qu’un ouvrier manque à l’appel. Les reconnaissances lointaines dans les bâtiments se poursuivent, une équipe cynophile est demandée afin de les compléter. A l’intérieur de la centrale dévastée une fosse à charbon est remplie d’eau suite à une rupture de canalisation. Son exploration nécessitera l’engagement des spécialistes en intervention subaquatique et du directeur de plongée Brigade. A 14h18 le COS passe le message feu éteint ; le bilan provisoire s’établit à 2 blessés graves, soixante état léger et une vingtaine d’impliqués. Les reconnaissances à l’intérieur de la centrale se poursuivent et seront de longue durée. La masse importante des structures effondrées leur enchevêtrement et la grande profondeur nécessitent des moyens de recherche lourds et spécialisés. Un ouvrier manque toujours à l’appel. Son corps sera retrouvé vers 13h30 au milieu des gravats amoncelés au niveau du 2eme sous sol à proximité des pupitres de commande qu’il était chargé de contrôler. L’intervention se termine à 16h 00, le déblai mécanique étant laissé à la charge d’une entreprise privée.

L'usine Climadef après l'explosion.
L’usine Climadef après l’explosion.

L’A 14 passe enfin sous La Défense

Véritable arlésienne, l’autoroute A14 a durant de longues années fait travailler les méninges des urbanistes. Avec un flot de 60 000 véhicules jour qui traversent La Défense de part en part il était indispensable de trouver une solution durable. Déclarée une première fois d’utilité publique en 1967, la réalisation ne débutera qu’une vingtaine d’années plus tard après de longs débats. Deux solutions s’opposent : enterrer l’autoroute sur toute sa longueur ou seulement dans la partie de La Défense et la faire passer en viaduc dans la zone B (sur Nanterre). Un viaduc sera construit sur une longue partie de la zone B. Une grande partie n’ouvrira cependant jamais. Il fut détruit à partir de 1993. L’autre partie qui permettait de relier N 914 au circulaire disparaitra à jamais au début 2000. Le tunnel d’autoroute A14 sera donc enterré en totalité entre les deux boucles de la Seine. Son ouverture se fera en 1996. Avec sa longueur de 5 165 mètres -sans compter les nombreuses bretelles d’accès- il est composé de deux « tubes » distincts afin que les véhicules ne se croisent jamais. Il enregistre aujourd’hui une moyenne de 100 500 passages par jour. Depuis son ouverture la fréquentation du boulevard circulaire n’a cessé de diminuer.

L'entrée du tunnel de La Défense de l'A14 dans le sens Paris > province. ©Defense-92.fr
L’entrée du tunnel de La Défense de l’A14 dans le sens Paris > province.
©Defense-92.fr

 

Toujours plus d’améliorations pour les transports en commun

La SNCF ouvre le 28 mai 1995 une ligne tangentielle pour relier La Défense à la Verrière. Longue de 31 km elle a pour terminus La Défense et dessert les gares de Puteaux, Suresnes Mont-Valérien, le Val d’Or, Saint Cloud, Viroflay-Rive-Droite, Versailles-chantier, Saint-Cyr, Saint-Quentin-en-Yvelines, Trappes et La Verrière. Cette ligne qui fonctionne tous les jours de la semaine emprunte deux lignes du réseau Transilien la L et la N. La ligne T2, du tramway est mise en service le 2 juillet 1997 à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). La ligne emprunte le tracé de l’ancienne ligne des Moulineaux fermé le 21 mai 1993 qui reliait Puteaux aux Moulineaux – Issy Plaine. Cette seconde ligne de tramway de la région est prolongée vers La Défense. Pour permettre cette arrivée, la gare SNCF de La Défense est agrandie et un nouveau quai bordé de deux nouvelles voies est construit. [nggallery id=24]

La plus grande ruche de La Défense se modernise

Depuis son ouverture, le 19 janvier 1970 la gare de RER de La Défense ne va cesser de voir sa fréquentation augmenter. Si les vingt premières années elle accueillait uniquement les voyageurs du RER A, de la ligne de Saint-Lazare et des lignes de bus, dès les années 90 deux nouvelles lignes sont venues se greffer à cette grande ruche. Le Conseil régional Ile-de-France, le conseil général des Hauts-de-Seine, l’EPAD, le STIF, la RATP et la SNCF s’associent au milieu des années 90 afin d’élaborer un projet d’aménagement et de modernisation pour cette grande boite de 20 000m² aux importantes dimensions: 225 mètres sur 67 mètres. La salle d’échanges prend le nom de « Coeur Transport » et sa rénovation est confiée à Maxime Ketoff et Marie Petit. Les travaux se dérouleront en plusieurs tranches entre 1996 et 2001. La petite galerie commerciale est entièrement rénovée ainsi que tous les commerces. Parmi les nouvelles enseignes un Mc Donald’s et un Virgin Mégastore s’y installent. La gare routière de bus, jusque là lugubre, est entièrement reconstruite. Sur le podium qui sépare le Parvis de la Place de La Défense, une nouvelle ouverture est percée. Une grande verrière est implantée permettant un accès direct vers la gare de bus et le reste de Cœur Transport. Aujourd’hui, malgré l’importante rénovation, Cœur Transport arrive à l’asphyxie. Cette saturation pourrait s’aggraver avec l’arrivée dans les prochaines années du prolongement la ligne E du RER et du Grand Paris Express. Pour éviter l’overdose, des études sont en cours pour adapter cette gare, la plus fréquentée de France.

Le projet Cœur par l'agence AUM
Le projet Cœur par l’agence AUM

 

L’araignée qui grimpe aux tours : C’est en 1994, que les Défensiens ont découvert une araignée pas comme les autres… Surnommé « le Spiderman Français », Alain Robert s’est lancé dans les années 90 dans l’ascension à mains nues des tours du monde entier. Avec ses dizaines de tours, pour Alain Robert La Défense est un terrain de jeux. Depuis 1994, il détient un record qui donne le vertige. Il escaladera cinq fois la tour Total en 1994, 1999, 2001, 2003 et 2008, deux fois la tour Franklin en 1994 et 2002, une fois la tour Gan en 1995, une fois la tour Areva en 1998, une fois la tour Ariane en 2009, une fois la tour Bolloré en 2010, deux fois la tour GDF-Suez en 2010 et 2011 et une fois la tour First en 2012. Le Spiderman Français, connait à ce jour son seul échec à La Défense. En 1999, l’homme se lance dans l’escalade de la paroi nord de la Grande Arche, côté Parvis. A mi-chemin, il s’arrête, sous l’œil de centaines de personnes affairées en contrebas. Les pompiers viendront le chercher en descendant en rappel. L’homme expliquera  son arrêt par l’irrégularité des plaques de marbre qui revêtent la paroi et sa peur de voir une plaque se casser.

Alain Robert escaladant la Grande Arche en 1999.
Alain Robert escaladant la Grande Arche en 1999.

 

Les besoins changent, les bureaux s’adaptent

A l’approche du changement de millénaire, la demande des entreprises évolue. La miniaturisation incessante de l’informatique va rendre sans usage des locaux alors utilisés pour accueillir d’immenses serveurs. Pour continuer à séduire, les propriétaires d’immeubles doivent offrir toujours plus de prestations et de confort. HRO, est l’un des premiers maitres d’œuvre à lancer une rénovation. Pour l’an 2000, la tour Septentrion s’offre un profond lifting mené par l’agence B&B mais conserve ses mensurations : 45 000 m² de bureaux pour 31 étages.

C’est à cheval sur deux millénaires que seront construites les deux tours de bureaux les plus emblématiques de La Défense. Sur le terrain laissé vacant de l’ancien immeuble Esso, Jean-Paul Viguier signe la plus grande réalisation de surfaces de bureaux d’Europe. « Cœur Défense » impressionne par ses mensurations : deux tours de 161 mètres accompagnées de trois petits immeubles, le tout relié par un grand atrium. Ce projet immobilier financé par Unibail développe une superficie de 350 000 m² dont 190 000 m² de bureaux. La construction est confiée à Bouygues Construction.

En face de cet immense chantier, s’élève au même rythme la nouvelle tour EDF (PB 6) imaginée par l’architecte américain Ieoh Ming Pei et construite par CBC. Même si cette tour bâtie entre 1997 et 2001 ne peut porter ombrage à Cœur Défense par ses importantes dimensions, PB 6 avec ses 57 000 m² et 165 mètres de hauteur deviendra pour beaucoup la plus belle des tours de La Défense.

 

Les tours Cœur Défense et Pb6 en travaux.
Les tours Cœur Défense et Pb6 en travaux.

Une église sur la dalle :

En novembre 1996, pour financer en partie la nouvelle Maison d’Eglise Notre-Dame de Pentecôte, l’association  » les chantiers du Cardinal » organise une crèche vivante, sur la place de La Défense. La crèche des Landes, composée de 80 petits automates, est installée dans un chapiteau de 800 m². Elle restera en place jusqu’en février 1997.

La construction de cette maison d’Église est voulue par François Favreau, évêque de Nanterre.

C’est l’architecte Franck Hammoutène qui en assure la conception tandis que les travaux sont réalisés par l’entreprise Fougerolles. Les travaux de Notre-Dame de Pentecôte débutent véritablement le 25 mars 1998 avec la pose de la première pierre. Le bâtiment sera inauguré le 7 janvier 2001, ce qui en fait la première église du troisième millénaire en France.

 

L'Eglise Notre Dame de Pentecôte en chantier
L’Eglise Notre Dame de Pentecôte en chantier

 

Fin de la fête à la discothèque : Le Midnight Express qui était situé à l’emplacement actuel du Castorama dans le centre commercial des Quatre Temps est de plus en plus « mal fréquenté ». La boîte de nuit connaitra un premier drame en juillet 1990 quand un jeune d’une bande, nommé Omar Touré, perdra la vie après avoir reçu un violent coup à la tête donné avec un gourdin de bois par Mamadou Drame d’une bande rivale. Un second drame se produira le 14 décembre 1997 dans un des parkings de La Défense. Une altercation entre deux jeunes filles provoque une bagarre générale opposant une vingtaine de personnes à la sortie de la boîte de nuit le Midnight Express. Quelques minutes plus tard, Fabrice Catalan, un Nanterrien alors âgé de 22 ans, était retrouvé gisant dans le sang dans un recoin du parking, la tête transpercée par une balle de revolver. Une blessure à laquelle il a, par miracle, survécu.

La discothèque était connue également sous le nom de Diamant Noir ou encore Opéra Défense.

Cet établissement sulfureux coupera définitivement la musique à la fin des années 90.

Une autre boîte de nuit, « Le Pacific club », installée dans la gare de RER a fermé en 1992 également en raison de nombreuses bagarres et débordements.

 

La tempête du siècle s’abat sur La Défense

Lors de la tempête qui a frappé la France à la fin du millénaire, le 26 décembre 1999, l’une des grues qui servit à la construction d’un des immeubles de Cœur Défense, s’effondra sous les rafales et s’écrasa sur la résidence de logements « Lorraine ». Malgré le choc important, l’accident ne causera aucun blessé. Même accident au chantier de l’hôtel Sofitel: une des deux grues qui servit à la construction s’écroula sous la puissance des rafales de vent. La grue s’écrasera sur une voie SNCF, une route et des constructions modulaires de chantier. Là encore aucune victime ne sera à déplorer. Le marché de Noël de La Défense qui venait de se terminer sur le Parvis de La Défense sera durement touché, les petits chalets en bois seront pour bon nombre détruits. De nombreux éléments vitrés de la tour Total Coupole (alors Elf) seront détruits et resteront manquants pendant plusieurs mois.

 

 

Émeute aux Quatre Temps : En plein après-midi, ce samedi 27 janvier 2001, des bandes rivales se sont violemment affrontées. Des centaines de clients du centre se retrouvent pris au piège. En début d’après-midi, 300 jeunes de trois bandes rivales de Mantes-la-Jolie, les Mureaux et Chanteloup-les-Vignes se retrouvent au pied de la Grande Arche à la sortie de la gare du RER. Ils entendent régler leurs comptes entre eux. Lors de cet affrontement, sept des jeunes seront blessés, dont un sérieusement, et une trentaine seront interpellés. Cet affrontement dans l’un des plus grands centres commerciaux de France portera pendant de longues années préjudice au centre. L’information qui aura marqué les esprits entraînera une méfiance envers les Quatre Temps et plus généralement La Défense. Pour beaucoup ce quartier est un lieu mal fréquenté et dangereux. Il faudra attendre la première tranche de rénovation du centre en 2006, avec l’ouverture de l’UGC Ciné Cité pour que la confiance revienne.

 

Les anciennes tours font peau neuve

Les deux tours de première génération qui étaient connues par le nom de leurs derniers occupants EDF-GDF (CB 16) et Crédit Lyonnais (PB 12) vont toutes deux connaitre une profonde rénovation. CB 16 va revêtir une toute nouvelle façade au teint vert; les travaux dureront de 2002 à 2003. La tour CB 12 qui deviendra la tour Opus 12 sera, elle, élargie pour que sa surface augmente de 20%. Sa façade sera entièrement revue. Bouygues Construction mènera le chantier entre 2002 et 2004.

Première de La Défense, la tour PB 31, autrefois connue sous le nom de Nobel, sera également rénovée en 2003. A l’issue de la rénovation elle prendra le nom de Initial. Cependant elle ne gardera ce nom qu’un temps court. Elle sera nommée  RTE Nexity du nom de ses deux nouveaux occupants.

La transformation de la tour Crédit Lyonnais (PB 12)
La transformation de la tour Crédit Lyonnais (PB 12)

 

 

Les derniers emplacements pris d’assaut

La place commence à manquer à La Défense. Les promoteurs et investisseurs doivent se contenter d’emplacements étroits et exigus souvent en bordure du circulaire. C’est ainsi que sortira de terre la tour CBX qui est située sur un petit emplacement entre l’immeuble Monge et la tour Blanche. C’est le cabinet Kohn Pedersen Fox qui conçoit cette tour de 40 000 m² pour une hauteur de 142 mètres. Sa construction, réalisée par l’entreprise Belge Besix se déroule entre 2002 et 2005.

Non loin de là, sur l’emplacement de l’ancien viaduc Gambetta qui enjambait le circulaire, détruit entre fin 2003 et avril 2004, est érigée la tour Exaltis, entre l’avenue Albert Gleizes et l’avenue André Prothin. Pour marquer la destruction de ce viaduc, l’EPAD tire un feu d’artifice le 10 janvier 2003 sur son emplacement. Construite en longueur et épousant l’étroitesse du terrain, Exaltis dessinée par Bruno Willerval et ARQ culmine à 72 mètres de hauteur et développe 21 500 m² de bureaux. Sa construction réalisée par Bouygues Construction se déroule entre 2004 et 2006.

De l’autre côté de l’Esplanade, sur la ville de Puteaux va naitre un immeuble de bureaux nettement plus petit. Défense Plaza, construit par le promoteur HRO est confié à l’agence SOM – Skidmore, Owings & Merrill. Il totalise 31 000 m² pour 49 mètres de hauteur. Sa construction par Eiffage s’est déroulée en 2004.

Le chantier de la tour CBX en juin 2004.
Le chantier de la tour CBX en juin 2004.

 

L’affaire Pellerin

Le « Roi de La Défense » est déchu: déjà condamné à plusieurs reprises, Christian Pellerin PDG de la Sari, fait l’objet au printemps 2004 d’une enquête pour mètres carrés fantômes. Acquéreurs des tours Egée et Cèdre et de l’immeuble Colisée, situés sur la ZAC Danton (à Courbevoie devenue le quartier du Faubourg de l’Arche), deux fonds d’investissements allemands, Kam Am et West Invest, avaient relevé de considérables discordances entre les surfaces autorisées par les permis et les volumes construits. Les vérifications de la direction départementale de l’équipement (DDE) concluaient alors à l’existence de 7 993 mètres carrés illicites sur les trois immeubles – soit 7% du volume autorisé – et les services de la préfecture des Hauts-de-Seine assuraient, dans une note récapitulative, que « l’administration avait été induite en erreur par les demandes de permis déposées ».

Nous n’avions aucun moyen de vérifier dans le détail la conformité des bâtiments », explique, penaud, le chef de la DDE, Jean Guillot. La fraude alléguée a consisté, dans chacun de ces immeubles de bureaux, à déduire de la surface hors œuvre nette (SHON) les locaux techniques intérieurs, par extension d’une règle applicable aux seules constructions de logements.

Le 26 juillet 2004, une enquête est ouverte par le procureur de Nanterre, Bernard Pagès. Les enquêteurs élargissent leurs investigations à trois autres immeubles de La Défense : La tour Adria, et les immeubles Vinci et Balzac. Sur ce dernier building, le dépassement avoisinerait 20 000 mètres carrés.

Le promoteur se défend des (de ces) accusations et assure avoir construit au moins 700 000 mètres carrés avec ce même procédé, ce qu’il justifie par l’évolution du marché après la crise immobilière du début des années 1990 et le besoin d’une « nouvelle génération d’immeubles, conçus pour réduire les coûts énergétiques et améliorer la qualité de l’air ». « C’est pourquoi, plaide-t-il, on a intégré à chaque étage les locaux techniques d’où est commandée la climatisation, autrefois situés sur le toit ou au sous-sol – et dont la surface pouvait, elle, être déduite. Tout le monde le savait, y compris l’administration. »

 

La fin de l’aménagement du Faubourg de l’Arche

C’est à partir de 2005 que va commencer la construction des quatre derniers immeubles de bureaux au Faubourg de l’Arche. Bouygues Construction va construire le parking du Faubourg de l’Arche puis la tour T1 dessinée par  Valode & Pistre qui développe 70 000 m² et enfin l’immeuble B nommé également T2 de 22 000 m² autre projet de l’agence Valode & Pistre. S’inspirant de l’ architecture de T1 et T2, deux autres immeubles viennent s’ajouter à ce programme : Pyramidion et Adamas. Le premier sera livré en 2007 et le second en 2010. Un petit parc, nommé Jacques Cartier, est entouré par les deux petits immeubles sortis de l’imagination de l’agence Pei, Cobb, Freed and Partners ainsi que par la tour B contigue. L’inauguration de l’immeuble Adamas marquera la fin du programme de construction du Faubourg de l’Arche.

 

La Zac Danton
La Zac Danton

 

 

Une métamorphose pour les Quatre Temps

C’est le 26 avril 2006 que Guillaume Poitrinal, alors PDG d’Unibail-Rodamco inaugure la première tranche rénovée du centre commercial des Quatre Temps. Un tout nouvel espace dédié aux loisirs a pris la place de l’ancien Dôme Imax, du musée de l’automobile et de la place du Dôme. Dans l’ancien musée se loge un complexe UGC Ciné Cité composé de seize salles. La seizième est nichée dans le Dôme réaménagé qui ne propose désormais plus de film au format « Imax ». Pour relier le Dôme, sur l’ancienne place du même nom, au multiplex une passerelle en verre est construite. Ce troisième niveau du centre héberge désormais une grande partie de l’offre restauration du centre. Un nouvel accès au magasin Toys « R » Us (le deuxième plus grand au monde après celui de Time Square à New-York) se fait désormais par là. Quelques jours plus tôt, le 23 avril 2006 l’ancien UGC neuf salles avait projeté ses derniers films avant de disparaitre définitivement.

Pour fêter l’ouverture du nouveau cinéma UGC, un immense tapis rouge de plus de 1,2 km relie le bas de l’Esplanade aux portes du Dôme.

 

 

Le lendemain de l’inauguration du Dôme, le 27 avril 2006, c’est en hélicoptère qu’arrive Tom Cruise. Le héros du film MI3 se pose sur le parvis où l’attend une importante foule de fans et de curieux. La star grimpera les marches du grand escalier « Kowalski » pour assister à l’avant première de son film.

Quelques semaines plus tard, le 10 juillet 2006, le super-héros, Superman viendra se poser au bas de la Grande Arche. L’équipe du film Superman Returns est présente pour une avant-première mondiale dans le complexe UGC Ciné Cité flambant neuf. Un concert de musique classique est offert au public pour l’occasion. Alors que Tom Cruise avait grimpé les marches du grand escalier recouvert du grand tapis rouge, l’interprète de Clark Ken les gravira sur un tapis bleu.

 

Le Plan de Renouveau de Sarkozy

Alors président de l’EPAD, Nicolas Sarkozy lance officiellement le 25 juillet 2006, le « Plan de Renouveau » de La Défense. Pour faire face à l’obsolescence de nombreuses tours et lutter contre l’usure de l’attractivité de La Défense, il annonce lors d’une conférence de presse son grand projet pour la période 2007-2015.

Le Plan de Renouveau de La Défense prévoit la construction de 850 000 m² de bureaux (500 000 m² de neuf et 350 000 m² issus de démolition-reconstruction), de 100 000 m² de nouveaux logements et la réalisation de grands équipements type « salle de congrès » à un « emplacement à préciser sur le site Nanterre-La Défense ».

Les deux icônes de ce plan sont les tours Phare et Signal, qui feront l’objet d’un concours international.

A l’issue de cette conférence de presse Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il quitterait la présidence de l’EPAD. Il sera remplacé par Patrick Devedjian.

Nicolas Sarkozy présentant le Plan de Renouveau de La Défense © Christophe Grebert
Nicolas Sarkozy présentant le Plan de Renouveau de La Défense
© Christophe Grebert

 

De la tour Phare à la tour Signal

L’EPAD et la Foncière Unibail-Rodamco organisent un grand concours international pour la construction de la tour « Phare », dans la foulée des déclarations du lancement du Plan de Renouveau par Nicolas Sarkozy, alors président de l’établissement. La date limite de remise des projets a été fixée au 2 octobre 2006 pour une délibération du jury prévue les 23 et 24 novembre 2006.

Dix architectes étaient sélectionnés pour la phase finale du concours :

– Normal Foster
– Jacques Ferrier
– Massimiliano Fukas
– Manuelle Gautrand
– Herzog & de Meuron
– Rem Koolhaas
– Thom Mayne
– Nicolas Michelin
– Jean Nouvel
– Dominique Perrault

[en encadré : Le jury est présidé par Léon Bressler. Il est composé de :
– Bernard Bled, Directeur Général de l’EPAD
– Joëlle Ceccaldi-Raynaud, Maire de la ville de Puteaux
– Jacques Kossowski, Maire de la ville de Courbevoie
– Jacques Gautier, Premier Vice-Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine
– Guillaume Poitrinal, PDG d’Unibail, maître d’ouvrage
– Jean-Marie Tritant, Directeur Général du Pôle Bureaux d’Unibail
– Nathalie Charles, Directeur général des grands projets de La Défense pour Unibail
– Christian Joubert, Conseiller auprès du président d’Unibail
– Dominique Alba, Architecte, directrice du Pavillon de l’Arsenal
– François Barré, Ancien directeur de l’Architecture et du Patrimoine
– Daniel Buren, Artiste de renommée internationale
– Henri Gottesdiener,  Ingénieur, spécialiste mondialement reconnu en structures des tours
– Thierry Pacquot, Professeur des universités à l’Institut d’Urbanisme de Paris (Paris XII), membre de la commission du Vieux-Paris, président de l’académie Nationale
des Arts de la rue
– Francis Rambert, Directeur de l’Ifa, Institut français d’architecture
– Benedetta Taglliabue, Architecte à Barcelone.]

Thom Mayne, sera désigné comme lauréat le 27 novembre 2006. Le projet représente 147 000 m², constitué principalement de bureaux et d’un restaurant panoramique au 66ème  étage de la tour. L’immeuble comprend 70 étages au-dessus de la dalle pour une hauteur de 297 mètres, ainsi que 6 étages en infrastructure sous la dalle.

La tour qui doit s’élever sur la place Carpeaux devait être initialement livrée en 2013. Mais du fait de plusieurs recours administratifs le projet est sans cesse reporté.

En 2008, l’EPAD lancera un nouveau concours pour trouver la seconde nouvelle icône du quartier. Cette nouvelle icône prendra le nom de « Tour Signal ». A la suite d’un appel à projets en juillet 2007, dix-huit équipes (d’architectes et d’investisseurs) sont sélectionnées parmi les trente équipes ayant fait acte de candidature mi-novembre 2007. L’emplacement du projet n’est pas imposé.

Le Jury du concours Signal : Patrick Devedjian, Président du Conseil d’Administration de l’EPAD, Président du Conseil Général des Hauts de Seine, a présidé le jury composé :
– Des   maires des deux communes d’assise de La Défense  : Joëlle Ceccaldi-Raynaud, député-maire de Puteaux et Jacques Kossowski, député-maire de Courbevoie,
– Les représentants de l’Etat : Etienne Crépon, Directeur de la Direction Générale d’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction  au Ministère de l ‘Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables et Jean Gautier, Directeur chargé de l’architecture au Ministère de la Culture,
– Le représentant du secteur économique de La Défense : Jean-Yves Durance, Président de l’Association Aude (Association des Utilisateurs de La Défense), vice-président de la CCIP,
– Des personnalités du monde de l’architecture : Dominique Alba, Directeur général du Pavillon de l’Arsenal, François de Mazières Président de la Cité de l’Architecture et Yves Lion, Grand Prix de l’Urbanisme 2007,
– Les représentants de l’EPAD : Bernard Bled, Directeur Général et Patrick Tondat, Directeur Général adjoint.

 

Voici la liste des dix-huit équipes :

– Architecture Studio / Union Investment Real Estate
– Atelier Christian de Portzamparc / AGF Immobilier / Nexity Entreprises
– Ateliers Jean Nouvel / Medea / Layetana / Desarollos Immobiliarios
– Beyrac Sawsan / Groupe Financière Norev
– Cesar Pelli / Hines
– Christophe Ingenhoven / Tishman Speyer
– DGLa (Thierry de Dinechin, Philippe Gorce, Yves Simon) / Orion Capital Manager
– Foster + Partners Ltd / Mines de la Lucette
– HTA-Hervé Tordjman Architecte / SITQ
– Jacques Ferrier Architectures / Hermitage
– Jean-Paul Viguier S.A d’architecture / BNP Paribas Immobilier / Meunier (Habitat et Entreprise)
– Manuelle Gautrand / Saint Martins Property Group
– PCA-Philippe Chiambaretta Architectes / Foncière des Régions
– OMA-Office for Metropolitan Architecture (Rem Koolhaas) / Carlyle / Vinci Immobilier
– RMJM Hillier et SRA Architectes / Altarea / Cogedim/Altarea
– Studio Libeskind Architect / Orco Property Group
– Wilmotte et Associés SA et Steven Holl / Groupe Financière Centuria / Bouygues Immobilier (Etandex)
– Zaha Hadid Limited (Zaha Hadid) / Solidere

 

Le 11 mars 2008, le jury sélectionne cinq finalistes :

– Ateliers Jean Nouvel / Medea / Layetana Desarollos Immobiliarios
– Foster and Partners Ltd / Compagnie la Lucette
– Jacques Ferrier Architectures / Hermitage
– Studio Libeskind Architect / Orco Property Group
– Wilmotte et Associés SA et Steven Holl / Groupe Financière Centuria / Bouygues Immobilier

Enfin, le 27 mai 2008, le jury retient le projet de l’architecte Jean Nouvel. Sa tour d’une hauteur de 301 mètres (71 étages), pour une surface de 140 000 m² devait s’élancer dès 2015 au dessus de la RN 314 derrière le centre commercial des Quatre Temps, entre les immeubles Kupa et La Pacific. Première tour mixte, elle devait être répartie de la manière suivante :
Bureaux : 50 000 m²
Logements : 33 000 m²
Hôtel : 39 000 m ²
Équipements publics : 8 000 m²
Commerces, Restaurants : 10 000 m².

Le projet Signal était estimé à environ 600 millions d’euros, la charge foncière versée à l’EPAD était elle estimée à 100 millions d’euros.

A l’automne de cette même année l’aménageur y consacrera une exposition au beau milieu du Parvis de La Défense. Dans un chapiteau, l’EPAD présente les quatre autres projets qui étaient en lice et le projet lauréat de Jean Nouvel.

La joie de l’architecte français sera de courte durée. Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux, ville sur laquelle la tour Signal doit être construite s’en prend violemment au projet. Elle qualifie le projet de « donjon » et parle d’un « retour au Moyen Age » comparant Nouvel à un « nouveau Corbusier ». Rejetant l’esthétique proposée, elle ajoute « sa tour n’est qu’un monolithe qui écrase tout ». La maire de Puteaux remettra en cause le contenu: « Je ne constate aucune mixité sociale dans ce projet Nouvel. Les logements sont au plus haut de la tour, situés à plus de 200 m ! Où sont les logements sociaux, si on veut parler en vérité de mixité sociale ? »

Mais le coup de grâce viendra de la crise financière de 2008, les deux investisseurs Medea et Layatena sont en proie à d’importantes difficultés financières et jettent l’éponge laissant Jean Nouvel sans investisseur. Durant de longs mois l’architecte affirmera que son projet n’est pas remis en cause, mais il finira par renoncer à construire son œuvre, d’autant plus  que le délai contractuellement imparti pour la signature de la promesse de vente des droits à construire était expiré.

 

Un nouvel établissement pour gérer La Défense

Dans le cadre du lancement du Plan de Renouveau annoncé en juillet 2006 par Nicolas Sarkozy, il est décidé de séparer les activités gestion et aménagement jusque la confié à l’EPAD depuis 1958. Par une loi du 27 février 2007, un décret datant du 29 novembre 2007 donne naissance à l’EPGD (Etablissement de Gestion de La Défense). Il entrera en application officiellement le 1er janvier 2009.

L’établissement public est en charge de la gestion au quotidien des espaces publics du quartier, de la mise en valeur du patrimoine,…. Il est financé par le conseil général des Hauts-de-Seine, les communes de Puteaux et Courbevoie ainsi que par la vente d’espaces publicitaires, d’animation, la concession des parkings,…

L’année suivante, en janvier 2010, l’EPGD change de nom pour devenir Defacto. En février 2010, Katayoune Panahi succède à Bernard Romain à  la direction de l’établissement.

Logo de Defacto
Logo de Defacto

 

Du nouveau sous la coquille du CNIT

Entièrement restructuré en 1989, le nouveau CNIT peine à séduire. Si l’hôtel Sofitel fonctionne relativement bien ainsi que quelques commerces comme la Fnac, l’espace Infomart n’a jamais séduit. En 1993, la moitié des entreprises exposantes ont déserté l’espace de bureaux, ce qui entraine de grandes difficultés financières pour le premier bâtiment de La Défense. Pour sauver l’exploitation financière du bâtiment, le conseil général des Hauts-de-Seine vote le rachat en 1993 de l’espace des congrès ainsi que les parkings pour 1,2 Mds de francs. Le conseil général souhaite y implanter une fondation musicale, des animations culturelles, une médiathèque,…

Mais rien de tout cela n’arrivera: le CNIT est entièrement racheté en 2000 par Unibail-Rodamco. Il faudra attendre 2006, pour que la Foncière lance d’importants travaux de rénovation. Le nouveau propriétaire remplace Infomart par des surfaces de bureaux. La partie conférences et expositions est entièrement réaménagée, tandis que la partie commerce est significativement agrandie. Un second niveau, qui empiète sur les zones des salles d’expositions est créé, elle prend le nom de « jardin ». La Fnac en profite pour s’agrandir en s’étendant désormais sur trois niveaux et Habitat revient à La Défense après avoir quitté quelques années plus tôt les Quatre Temps. Une nouvelle gamme de commerces et restaurants est construite. Passé sous le giron de la chaine Hilton, l’hôtel est conservé et ses façades donnant sur l’intérieur du bâtiment sont rafraichies.

A l’extérieur, la dalle de la Défense est partiellement démolie autour du bâtiment afin de lui permettre de retrouver sa forme originelle extérieure  à trois pieds. L’accès depuis le parvis se fait désormais par cinq passerelles. Dans les patios des plantations sont installées.

Cette troisième version du CNIT, qui tire les leçons du passé est inaugurée le 21 octobre 2009 par Guillaume Poitrinal, président d’Unibail-Rodamco et Patrick Devedjian, président de l’EPAD, de Defacto et du conseil général des Hauts-de-Seine.

La nouvelle version du CNIT en janvier 2010. ©Defense-92.fr
La nouvelle version du CNIT en janvier 2010.
©Defense-92.fr

 

 

Le Faubourg de l’Arche enfin relié de manière définitive au reste de La Défense 

Attendue depuis des années la passerelle provisoire permettant la liaison depuis la place Carpeaux au Faubourg de l’Arche est détruite. Elle est remplacée par une grande passerelle plate de 24 mètres de large contrairement à la provisoire qui comportait de nombreuses marches.

Une troisième crise qui frappe durement

En 2007, tout va bien à La Défense, le Plan de Renouveau de Nicolas Sarkozy se met en place petit à petit. Les projets sont présentés les uns après les autres. Seront dévoilés : la tour Phare, la tour Signal, la restructuration et la surélévation de la tour CB 21 (l’ex Gan), la surélévation de la tour Manhattan, la tour Majunga, la tour Aire 2, la tour D2, la tour Generali et la tour Ava.

Avec la faillite de la banque d’affaires américaine Lehmann Brothers en octobre 2008, la crise financière se fera véritablement ressentir en France comme dans une grande partie des pays du monde. Cette crise financière qui touche désormais l’économie mondiale va signer l’arrêt de mort de plusieurs projets issus du Plan de Renouveau.

Durement frappés par la crise, les deux investisseurs du projet de la tour Signal, Medea et Layatena se retrouvent en faillite ce qui laisse l’architecte  Jean Nouvel sans aucun investisseur et le contraindra à renoncer à son projet.

Foncière des Régions ayant acquis la tour CB 21 de Groupama (GAN) pour 486 M€ en 2007, prévoyait de faire passer la tour construite entre 1972 et 1974 de 64 500 m² à 100 000 m² en confiant sa restructuration à l’agence Atelier 2 3 4 de Jean Mas. Le projet de cette lourde restructuration consistait à rehausser la tour tout en la dédoublant. Le 5 août 2008 le permis était obtenu. Mais au début de l’année 2009, en pleine crise, le projet est remis en question et Foncière des Régions annonce officiellement son abandon. Cependant après le départ de l’assureur, la foncière ne pouvait pas remettre l’immeuble sur le marché en l’état. Elle procédera à une rénovation du bâtiment entre la fin 2009 et le début 2011. Au programme : changement des surfaces vitrées des façades, changement du système de climatisation et d’éclairage. Ces modifications permettront à CB 21 d’obtenir le label HQE Exploitation (première attribution pour une tour en France) et du label Bream.

Dans les cartons de St Martins Properties Corporation, a longtemps existé l’idée d’une surélévation de sa tour Manhattan. Le projet consistait à surélever la tour de sept étages, la portant à 207,45 mètres avec une éolienne, contre 142,22 mètres actuellement. La surface de la tour serait passée à 87 365 m² contre 80 000 m². Alors que l’enquête publique allait se clôturer en mairie de Courbevoie le 16 juillet 2009, le propriétaire anglais de la tour fait savoir au maire de Courbevoie sa volonté de retirer sa demande de permis de construire et présente ses excuses pour le désagrément. Dans le courrier aucune motivation n’est donnée hormis le fait que la décision a été prise lors d’un conseil d’administration.

Présentée officiellement le 18 octobre 2006 par l’assureur Generali, la tour Generali devait prendre la place de l’immeuble Iris. Signée par l’agence Valode & Pistre, la tour Generali devrait faire  une hauteur de 265 mètres et développer une surface de 91 200 m². La tour visait les certifications environnementales BBC (RT 2005), HQE, BREAM et LEED. Après avoir obtenu son permis de construire et de démolir purgé de tout recours, l’assureur Italien laisse entendre en juillet 2011 que son projet est annulé. « La nouvelle direction du groupe ne souhaiterait pas y donner suite ». La direction française de la branche immobilier de l’assureur est alors chargée de revendre le projet en l’état ou de revendre l’immeuble existant.

 

Hermitage Plaza, le projet d’un promoteur Russe

Perdant du concours de la tour Signal, le promoteur Russe Hermitage affiche néanmoins son intention de ne pas renoncer à son projet. En septembre 2008, son groupe immobilier annonce cesser sa collaboration avec l’agence d’architecte de Jacques Ferrier. La réalisation d’un nouveau projet en lieu et place des logements Damiers Bretagne, Anjou et Infra est confiée à Norman Foster. Le projet des deux tours jumelles est présenté le 11 mars 2009, sur le stand de l’EPAD en marge du MIPIM (Marché International de l’Immobilier) à Cannes. Hermitage Plaza prévoit deux tours jumelles de 323 mètres chacune avec à leur pied quatre petits immeubles et une galerie commerciale. Le programme est composé d’un hôtel de 40 000 m², de 170 000 m² de logements de luxe, de 40 000 m² de bureaux, d’une résidence étudiante, d’une galerie d’art, d’un centre commercial, de restaurants, d’une salle polyvalente de concerts de 1 300 places et de deux spas avec piscines.

Le projet est estimé à 2 Mds€ répartis comme suit : 250 M€ à 300 M€ en fonds propres par le groupe Hermitage ; 700 M€ d’emprunts aux banques et de 1 Mds€ liés à la commercialisation des logements. Le prix de vente estimé par Hermitage est de 12 000 €/m².

Toujours lors du MIPIM, mais cette fois-ci le 8 mars 2012, Emin Iskenderov le PDG d’Hermitage annonce avec une grande fierté qu’il vient d’obtenir son permis de construire

Devenu le projet le plus emblématique de La Défense, il s’attire les foudres de plusieurs riverains et habitants des logements Damiers Anjou, Bretagne et Infra qui sont tous trois voués à être détruits pour laisser place au projet. Une multitude de recours sont déposés par des associations, des propriétaires des tours voisines et par le groupe politique municipal d’opposition « Une Autre Ambition pour Courbevoie » (PS, PCF et Europe Ecologie Les Verts).

 

Le projet Hermitage Plaza
Le projet Hermitage Plaza

 

Scandale à l’EPAD

Quasi inconnue en France, l’EPAD va se retrouver pendant une quinzaine de jours sur le devant de la scène. Le 7 octobre 2009, alors que Alain Robert vient d’escalader à mains nues la tour Ariane, l’écran géant des Quatre Temps annonce sur le bandeau infos que Jean Sarkozy,  fils cadet du président de la république et ex président de l’EPAD, sera prochainement nommé à la présidence de l’EPAD.

L’info qui émane du magazine Le Point va provoquer un véritable tollé. Durant deux semaines d’octobre 2009, chaque politique de l’opposition dénoncera parfois violemment cette candidature.

Le 14 octobre 2009, Patrick Jarry maire de Nanterre, farouche opposant à cette candidature décide de contrer Jean Sarkozy en se présentant également à la présidence de l’EPAD et estime ne pas être « moins légitime que Jean Sarkozy », « Il ne s’agit pas d’une nomination, mais d’une élection », martèle avec assurance le élu du Conseil Général.

Le lendemain, le chef de l’Etat prend la parole dans une interview au Figaro « Ce n’est pas mon fils qui est visé, c’est moi » explique le président de la République.

Le 16 octobre 2009, un sondage CSA révèle que 64% des Français, dont 51% des sympathisants de droite, sont opposés à la probable arrivée du fils cadet du président à la présidence de l’établissement public et jugent que c’est « plutôt une mauvaise chose ».



Le 18 octobre 2009, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, propose que les représentants de l’Etat au conseil d’administration de l’EPAD ne participent pas à l’élection. Le député PS Arnaud Montebourg déclare « qu’une chèvre pourrait être élue avec l’investiture UMP à Neuilly ».

Christophe Grebert, élu MoDem, conseiller municipal d’opposition à Puteaux se mettra dans les premières lignes des opposants. Il lance une pétition sur internet et organise une flash-mob « Banane party » le 22 octobre 2009 pour protester.

Une flash-mob "Banane party" le 22 octobre 2009. ©Defense-92.fr
Une flash-mob « Banane party » le 22 octobre 2009.
©Defense-92.fr

Ce même jour, quelques heures avant son arrivée au conseil d’administration de l’établissement, invité sur le plateau du journal de France 2 au 20 heures, Jean Sarkozy annonce qu’il renonce à briguer le mandat de président de l’établissement d’aménagement de La Défense.

Le 23 octobre 2009, devant une horde de journalistes pour certains venus du Japon et de Russie, Jean Sarkozy est élu administrateur de l’EPAD.

Ce sera finalement Joëlle Ceccaldi-Raynaud, la maire de Puteaux qui prendra la présidence de l’EPAD en Janvier 2010.

 

Une horde de journalistes pour certains venus du Japon et de Russie lors de l'élection de Jean Sarkozy au CA de l'EPAD lors d'une séance du Conseil Générale des Hauts-de-Seine. ©Defense-92.fr
Une horde de journalistes pour certains venus du Japon et de Russie lors de l’élection de Jean Sarkozy au CA de l’EPAD lors d’une séance du Conseil Générale des Hauts-de-Seine.
©Defense-92.fr

 

Adieu l’EPAD, adieu l’EPASA et bonjour l’EPADESA

Après 52 ans de fonctionnement pour l’EPAD (Etablissement pour l’Aménagement de la région La Défense) et 10 ans pour l’EPASA (Etablissement pour l’Aménagement de Seine-Arche) les deux établissements d’Aménagement s’apprêtent à fusionner. Malgré l’opposition de Patrick Jarry, le maire de Nanterre et président de l’EPASA, un décret du 2 juillet 2010 entérine la décision de fusionner les deux établissements. Cette fusion donne naissance à l’EPADESA (Etablissement d’Aménagement de La Défense Seine-Arche). Joëlle Ceccaldi-Raynaud, la maire de Puteaux en prend la présidence, tandis que Philippe Chaix en conserve la direction.

Le périmètre de l’EPADESA déclaré d’intérêt national (OIN) est de 564 hectares. Il est situé sur les communes de Courbevoie, la Garenne-Colombes, Nanterre et Puteaux.

Comme pour l’EPAD, l’EPADESA doit s’autofinancer. Pour cela il doit continuer à vendre des droits à construire pour financer les différents aménagements du quartier. A chaque fois qu’un nouvel immeuble est construit, l’établissement réalise et finance les aménagements publics comme les places, routes et parkings.

Logo de La Défense Seine-Arche
Logo de La Défense Seine-Arche

 

L’ex Axa devient la First

Après le départ par l’occupant historique Axa de sa tour en 2005, pour les Terrasses à Nanterre, Beacon Capital Partners acquiert la moitié de la tour construite en 1974. La tour va entamer une profonde restructuration qui est confiée à l’agence Kohn Pedersen Fox Associates. En collaboration avec le cabinet français SRA, les architectes modifient profondément l’aspect intérieur et extérieur du bâtiment. La tour passe de 68 000 m² à 79 000 m². Elle devient par la même occasion, la plus haute tour de bureaux de France, détrônant la tour Montparnasse, passant de 159 mètres à 231 mètres.

Les travaux réalisés par Bouygues Construction débutent en mars 2007 et se terminent à l’automne 2011.

Au cours de sa construction la tour qui reprit son nom de code d’origine CB 31 deviendra la « Tour First ».

Pendant la construction deux manifestations d’ouvriers sans papiers se dérouleront en bas de l’immeuble en chantier. La première aura lieu le 3 novembre 2009 elle regroupera 350 manifestants et la seconde, vingt jours plus tard, le 23 novembre 2009.

La tour sera inaugurée le 5 mai 2011 par Jean-Marc Besson le président de Beacon Capital Partners qui obtient la totalité des parts de la tour auprès d’Axa. La soirée est animée par l’animateur de Koh Lonta, Denis Brogniart devant un parterre d’invités.

 

L’EPAD en conflit avec des commerçants de la Coupole

A l’été 2010, une importante crise éclate entre plusieurs commerçants de la galerie commerciale de la Coupole (située au pied des tours Total et Areva et de l’immeuble CB 3) et l’EPAD. Devant mettre aux normes la galerie commerciale ouverte en 1975 qui comprend plusieurs commerces et restaurants, l’EPAD ordonne une fermeture de la galerie et de tous les commerces pendant l’été 2010. Mais les commerçants ne reçoivent aucune proposition concrète de rachat de leur fond de commerce et pour certains de leur murs.

Le conflit éclatera véritablement au tout début du mois d’août lorsque l’établissement fait ériger des murs destinés à l’élaboration de couloirs pour accéder aux issues de secours et parkings durant les travaux de désamiantage et de curage de la galerie de la Coupole. Certains de ces murs seront construits à quelques mètres des vitrines des commerçants – un commerçant se retrouvera même emmuré quelques heures-.

Les commerçants en guerre ouverte avec l’établissement lanceront plusieurs initiatives comme un apéro, et même une grève de la faim pour l’un d’entre eux.

Après plusieurs mois de guerre et l’intervention des maires de Puteaux et de Courbevoie ainsi que celle du préfet des Hauts-de-Seine, le calme finira reviendra  et les commerçants finiront par se voir racheter leurs fonds de commerce.

Les derniers commerçants baisseront définitivement leur rideau le 17 janvier 2010. La construction des fameux couloirs ne s’achèvera qu’à la mi-mars 2012. Mais depuis le départ de plusieurs commerçants à l’été 2010 jusqu’à la mise en service des couloirs cette galerie des années 70, la galerie de la Coupole sera le refuge de nombreux SDF, dealers et vandales : anciens commerces saccagés, cabines téléphoniques détruites, tags, excréments,…

Les Indignés de La Défense

« Indignez-vous » écrivait Stéphane Hessel. Comme dans plusieurs grandes villes du monde (New-York, Madrid,..) des « Indignés » se donnent rendez-vous sous la Grande Arche, un 5 novembre 2011 sous le mot d’ordre « Occupons La Défense ». Pour ce premier jour de mobilisation, ils sont nombreux à avoir répondu à l’appel lancé sur Internet : Entre 400 et 500 Indignés s’étaient rassemblés dès 17h. Une trentaine de tentes sont montées vers 18h45 par des manifestants bien décidés à rester sur place.

Plusieurs dizaines de véhicules de la police et de la gendarmerie mobile se tenaient à proximité du rassemblement autorisé par la Préfecture de police jusqu’à 21h. Dans le camp de fortune certains manifestants chantaient, dansaient, dessinaient des banderoles, mangeaient des pizzas,… Une multitude de pancartes étaient brandies par les Indignés Français, où l’on pouvait lire entre autres : « Reprenons le pouvoir sur notre monnaie, la richesse c’est nous » ou « Tous ensemble pour un changement mondial ».

Mais dès l’heure autorisée passée, à peine un quart d’heure plus tard, les forces de l’ordre ont commencé l’évacuation du campement dans une tension palpable confisquant systématiquement les tentes –pour la plupart de la marque Quechua de Décathlon- aux manifestants. L’évacuation s’est poursuivie jusqu’à 23h, par vagues, sans toutefois que les forces de l’ordre n’utilisent gaz lacrymogène ou matraques. Des manifestants refusant de partir ont été trainés par la police et la gendarmerie, hors du rassemblement. Malgré la confiscation du matériel des Indignés, un peu plus d’une centaine d’entre eux sont restés sur place bien décidés à ne pas partir. A 3h17 sur le compte Twitter #occuponsladefense, un Indigné écrit « pendant ce temps, sous la pluie, une centaine de CRS et gendarmes tiennent tête à 25 mecs armés de couvertures de survie ».

En ce début de semaine, le lundi 7 novembre 2011, beaucoup ont déjà quitté le camp, mais il reste tout de même encore 200 Indignés qui campent au pied de l’Arche. La présence policière reste elle aussi très forte. Les Indignés subiront plusieurs charges policières tout au long de leur occupation. Dès qu’une tente, palette ou matériel servant à l’édification d’un abri était rapporté, les CRS ou Gendarmes Mobiles les confisquaient systématiquement. L’échange le plus tendu se produira le 15 novembre 2011 vers 21h30 après une importante charge policière.



Pendant plusieurs semaines, le nombre d’Indignés ne cessera de diminuer. Les occupants sont désormais pour beaucoup des SDF, des toxicomanes et même des schizophrènes. Le 17 décembre 2011, après six semaines d’occupation 24h/24, le campement précaire est démantelé dans le calme par les forces de l’ordre à 6h du matin suite à une décision de la préfecture.  Les Indignés ont été reconduits dans le RER A vers 8h par les forces de l’ordre et invités à quitter La Défense. Mais une vingtaine de personnes ont été interpelées plus tard dans la matinée, après une tentative d’occupation de l’ancienne Maison de l’architecture de Nanterre  désaffectée qui a cette fois- ci échoué, puis ont été rapidement relâchés dans l’après-midi.

 

Du nouveau dans la signalétique

Que l’on vienne en voiture, en deux-roues ou à pied pour la première fois à La Défense on a de grandes chances de se perdre. Véritable talon d’Achille, la signalétique du quartier est le « point noir ». La zone est découpée en 12 quartiers (La Défense 1, La Défense 2, La Défense 3, La Défense 4, La Défense 5, La Défense 6, La Défense 7, La Défense 8, La Défense 9, La Défense 10, La Défense 11 et La Défense 12).

Defacto qui est en charge de la gestion de La Défense va s’atteler à la tâche. Fini la numérotation des quartiers : La grande poire est désormais coupée en quatre; les quatre grands secteurs reçoivent les noms suivants : Arche Nord, Arche Sud, Esplanade Nord et Esplanade Sud. Chacun de ces secteurs est composé de plusieurs quartiers qui reprennent le nom des différents lieux. Naissent ainsi les quartiers Valmy, Degrés et Boieldieu dans le secteur Arche Sud ; Faubourg de l’Arche et Coupole-Regnault dans le secteur Arche Nord ; Villon, Michelet et Bellini dans le secteur Esplanade Sud et les quartiers Vosges, Corolles, Reflets, Iris, Alsace et Saisons  dans le secteur Esplanade Nord.

Cette nouvelle nomination s’accompagne de la mise en place d’une nouvelle signalétique déclinée pour les piétons sur la dalle, et pour les véhicule sur le circulaire. De nouveaux plans et plaques de rues sont déployés dans tout le quartier. Patrick Devedjian, le président de l’établissement lance officiellement cette nouvelle signalétique en mars 2011.

 

Bataille de Post-it sur les fenêtres des bureaux

Au milieu du mois de juillet 2011, tout semble calme à La Défense. Mais une guerre se prépare en coulisses. Au sein du quartier du Faubourg de l’Arche les salariés de GDF Suez et de la Société Générale se livrent une guerre de création de figures en Post-it sur les fenêtres de leurs bureaux. Le phénomène reste pendant plusieurs jours cantonné aux immeubles Adamas de la Société-Générale et T2 (B) de Suez-Environnement. Il se développe rapidement et se répand durant tout le mois d’aout dans le quartier d’affaires et en d’autres lieux de France. Pour tromper l’ennui, les salariés de plusieurs entreprises de tours de La Défense rivalisent de création. Naîtrons sur les fenêtres des Mario, Homer, Bob l’Eponge, Hello Kitty, Tigrou, Cartman, La Panthère Rose, Snoopy,…

Mais le clou du spectacle émergera là où tout a commencé. Pour clôturer cette Battle qui aura créé des liens entre les salariés (inter-entreprises et entreprises voisines) de grandes créations seront réalisées.

Des salariés de GDF-Suez réaliseront sur la façade de la tour T2 (B) l’œuvre « Objectif Lune ». Le projet Lune, fait référence à la BD de Hergé « Objectif Lune ». La fusée du professeur Tournesol, à laquelle Tintin est accroché par une corde, a été ainsi réalisée sur six étages de l’immeuble qui en compte une douzaine. Cette oeuvre multi-étages a nécessité environ 3 500 post-it d’une dizaine de couleurs différentes.

 

 

Pour répondre à cette création, les occupants de la Société-Générale dans l’immeuble Adamas créaient « Plus haut que la Lune ». La réponse sera : Un Obélix portant Astérix sur un bouclier. Après une préparation de l’œuvre sur une matrice (voir fichier Excel créé par les « artistes » ici) en quelques jours, un briefing général, le retrait de quelques anciennes œuvres (la plante de Mario,… ) l’achat de quelques milliers de Post-it -pour 120€-, des Post-it offerts par 3M, le temps était venu de mettre tout en place. C’est le jeudi 1er septembre dès 12h15 que le défi a été lancé -durant la pause déjeuner : en 1h30, entre 45 et 50 salariés de la banque ont réalisé cette œuvre composée de 9 000 Post-it de 8 variantes de couleurs. Une dizaine de personnes étaient à chaque étage et collait à vitesse record les petits morceaux de papier multicolores sur les parois vitrées en respectant scrupuleusement la matrice définissant les emplacements et couleurs. Certains contours n’ont pas eu le droit à des Post-it colorés en noir et sont restés vides, comme dessinés en creux.

 

Le tramway T2 file vers Bezons, le métro 1 s’automatise, les rames du RER A passent sur deux niveaux

S’il y a bien quelque chose qui est critiqué à La Défense, ce sont les transports en commun. Malgré une offre variée le RER A, le Métro 1, le Transilien U et L, le Tramway T2 et une multitude de lignes de bus, il y a saturation.

Le 5 décembre 2011, Nicolas Sarkozy, alors président de la République se rend à La Défense au CNIT pour lancer officiellement la mise en circulation  des rames à double étages MI09. Pour tenter de contrer la saturation de la ligne A, la RATP remplace progressivement depuis ce mois de décembre les rames les MS61 et les MI84 par les MI09.

Le 19 novembre 2012, faisant suite au premier prolongement de la ligne du T2 vers la Porte de Versailles mis en service le 21 novembre 2009, le tramway file vers le Pont de Bezons. Ce prolongement de 4,2 kilomètres comporte sept stations : Faubourg de l’Arche, Les Fauvelles, Charlebourg, Jacqueline Auriol, Victor Basch, Parc Pierre Lagravère et Pont de Bezons. Il traverse six communes : cinq dans les Hauts-de-Seine (Puteaux, Courbevoie, La Garenne-Colombes, Colombes et Nanterre) et une dans le Val-d’Oise (Bezons), pour desservir 32 000 habitants et 19 000 emplois (hors zone de La Défense). Plus tôt en 2003, pour répondre à la saturation grandissante, les rames TFS sont redéployées sur la ligne T2 et remplacées par des rames Citadis 302. Cette arrivée des nouvelles rames permettra en 2005 de constituer des rames doubles. A la gare de La Défense, la voie 1, qui ne servait alors qu’aux heures de pointe, est condamnée au-delà de la zone utile à l’exploitation commerciale. Ceci devrait permettre la construction d’un nouvel accès au quai tramway depuis le parvis de la Défense pour désengorger les accès actuels, devenus sous-dimensionnés. L’achèvement est alors envisagé pour l’automne 2004, mais la nouvelle maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, opère un blocage de sa construction retardant d’un an la fin des travaux alors que le reste était prêt à temps (rames livrées et allongement des quais terminés). La mise en circulation des doubles rames aura lieu le 5 Septembre 2005.

Egalement fortement saturée, la ligne 1 du métro voit passer 207 millions de voyageurs en 2010 et jusqu’à 725 000 personnes par jour. La plus vieille ligne de métro de France va s’automatiser. Après avoir rehaussé les quais et les avoir équipés de portes palières, la RATP met en service en huit premières rames automatiques qui serviront de test. Le 3 novembre 2011, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie et des Transports, en présence de Jean Paul Huchon, le président de la Région Ile-de-France et de Pierre Mongin, le président de la RATP, lance la mise en circulation pour le public des premières rames automatiques MI 05, depuis un chapiteau installé sur la Place de La Défense. Les rames automatiques circulent avec les rames classiques. Dès le 10 mai 2012, l’exploitation en soirée se fait uniquement avec des MI 05 et en journée en alternance avec les rames classiques, les MP 89 CC. Le 7 juillet 2012, l’exploitation unique des MI 05 s’étend au weekend. Le 9 février 2013, les 49 rames automatiques ont rejoint la ligne de métro la plus fréquentée de France. Enfin le … la ligne est entièrement automatisée.

 

La Défense a désormais son plan d’évacuation 

Scénario catastrophe à La Défense : un avion s’écrase sur une tour du quartier, la panique se propage, le réseau des téléphones portables est saturé, les secours peinent à arriver, la foule se disperse,… Pour éviter le pire, la préfecture des Hauts-de-Seine et Defacto  signent le vendredi 26 avril 2013 le Plan de Mise en Sécurité de La Défense (PMSD) suite à l’exercice OCTOPUS qui s’est déroulé en novembre 2011 dans la gare Cœur Transport.

Conçu par les services de l’Etat, en collaboration avec Defacto et les communes de Puteaux, Courbevoie, Nanterre et Neuilly, ce plan est un dispositif qui vise à faciliter l’intervention des services de secours en cas d’événement grave sur le site de La Défense en particulier pour la gestion des flux.

Si le pire des scénarios devait arriver : crash d’un avion, attentat chimique ou bactériologique, incendie majeur dans les tunnels, effondrement de la dalle pouvant en entraîner d’autres en chaine,… sur décision du préfet des Hauts-de-Seine le quartier de La Défense pourrait être tout évacué.

Les quelques 160 000 salariés, 20 000 habitants et autres visiteurs seraient alors invités à évacuer le quartier à pied en se dirigeant vers les communes environnantes. Pour cela des messages sonores seraient diffusés via des haut- parleurs, qui seront installés dans les prochains mois. Un dépliant a été édité par la préfecture et Defacto en français et en anglais. Une série de pictogramme a également été conçue.

Les dizaines de milliers de personnes en mouvement d’évacuation seraient alors pris en charge notamment par la Croix Rouge ou l’Ordre de Malte ainsi que par les communes.

La signature du PMSD ©Defense-92.fr
La signature du PMSD
©Defense-92.fr

 

L’Epadesa redevient l’Epadesa

En janvier 2013, l’établissement d’aménagement de La Défense recentre son image abandonnant son nom « La Défense Seine Arche » et sa marque « De la Seine à la Seine » pour reprendre son nom de création « Epadesa », Etablissement public d’aménagement de La Défense Seine Arche. Redevenu Epadesa, l’établissement change de logo et lance un nouveau site internet.

 

Les premières tours issues du Plan de Renouveau sont inaugurées dans un contexte morose

Alors que les travaux de certaines tours du Plan de Renouveau comme Phare, Ava ou encore Aire 2 n’ont toujours pas commencé pour cause de recours, d’autres tours, sont elles inaugurées. C’est le cas pour la tour Carpe Diem, qui est inaugurée par Aviva et le Crédit Agricole en septembre 2013 et la tour Majunga, un an plus tard en septembre 2014.

Ces livraisons, auxquelles la restructuration de la tour Eqho (ex tour Descatres IBM) vient s’ajouter se font dans un marché particulièrement morose. Avec le départ de La Défense de plusieurs entreprises, comme SFR, le nombre de mètres carrés disponibles atteint des records. Depuis 2012, le taux n’a cessé de grimper pour atteindre au troisième trimestre 2014, un record de 13,2 %. Un taux de vacance qui finira finalement par redescendre lentement pour atteindre les 5,4 % à la fin du second trimestre 2018.

Pour ses soixante an l’Epadesa et Defacto se marient et forme Paris La Défense

C’est le lundi 1er janvier 2018 qu’est né Paris La Défense, la nouvelle structure désormais en charge de gérer, d’aménager et de promouvoir le quartier après la fusion de Defacto (le gestionnaire) et l’Epadesa (l’aménageur), plus de deux ans après l’annonce de l’ex-Premier ministre Manuel Valls en octobre 2015. Des compétences supplémentaires sont aussi données à Paris La Défense en matière de vidéoprotection, de propreté de la voirie et de gestion des déchets. Avec Paris La Défense le département des Hauts-de-Seine est désormais représenté majoritairement au sein du conseil d’administration avec neuf sièges sur dix-sept. Les villes de Puteaux, Courbevoie et Nanterre (sur lesquelles est implanté le quartier d’affaires) et celle de Paris seront chacune représentées avec un siège, de même pour la région Ile-de-France, la Métropole du Grand Paris qui y sont associées. L’Etat auparavant majoritaire de l’Epadesa (mais pas de Defacto) est quant à lui représenté minoritairement avec deux sièges notamment par le préfet de région.