L’affaire avait suscité une vive émotion, en France et plus particulièrement pour les utilisateurs du métro. Le 10 avril 2009, Renaud Roussillon, cadre âgé de 41 ans, architecte d’intérieur et père de deux enfants avait été violement poussé sur les rails du métro de la ligne 1 à la station La Défense Grande Arche par un SDF.
Ce lundi 10 avril 2009, vers 11h30, l’homme quitte La Défense pour se rendre sur un chantier à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Le quadragénaire en costume-cravate passe devant Ahmed Zobir, le SDF assis sur l’un des sièges du quai. Il s’arrête un peu plus loin pour attendre la rame. Alors qu’il attend tranquillement son métro Ahmed Zobir se lève, le suit et se place à deux mètres de l’architecte. Puis au moment où la rame entre dans la station le SDF se jette sur l’homme pour le pousser sur les rails. Malgré le freinage d’urgence opéré par le conducteur, la victime heurte violemment la rame, puis se retrouve coincée sous la deuxième porte du premier wagon.
L’agresseur qui a pris la fuite à pied juste après son acte sera interpellé environ une heure après le drame, sur l’esplanade de La Défense, grâce au signalement diffusé après le visionnage de la vidéosurveillance.
Le calvaire de Renaud Roussillon ne fait alors que commencer, les pompiers doivent soulever une partie de rame pour le désincarcérer. Il sera ensuite transporté par hélicoptère, -posé sur la place de La Défense- vers l’hôpital Beaujon de Clichy. Son pronostic vital est alors engagé. Renaud Roussillon, avait été amputé de la jambe droite au-dessous du genou. Il avait subi un traumatisme crânio-facial, des fractures aux dents et au bras droit ainsi que de multiples contusions.
Ahmed Zobir, incarcéré depuis, avait expliqué aux enquêteurs dans un premier temps que l’architecte, l’avait injurié. Sauf que la vidéosurveillance présente sur les quais ne montre aucune altercation entre les deux hommes, qui ne se connaissaient pas. Vivant dans la rue, Zobir se dit soumis à un grand stress et décrit son geste comme « instinctif et animal ».
L’homme avait été examiné par deux psychiatres, qui expliquaient son comportement par un « déplacement d’émotion, de rancœur et de dépit « vers un homme qui représentait pour lui toute une partie des salariés du quartier d’affaires.
Le procès s’est déroulé le jeudi 9 février 2012 et le vendredi 10 février 2012 devant la Cour d’assises des Hauts-de-Seine. Durant le premier jour de l’audience Ahmed Zobir s’est excusé, expliquant avoir été « un peu échauffé de la tête » et « avoir manqué de contrôle » lorsqu’il a «poussé de ses deux mains » Renaud Roussillon.
Jeudi matin, la Cour avait diffusé la vidéo captée par les caméras de surveillance montrant Ahmed Zobir se jeter sans raison apparente, les deux bras en avant, sur la victime de dos, après avoir pris soin de s’assurer que la rame de métro entrait dans la station. Sur le quai, nul n’a semblé réaliser ce qui venait de se passer, si ce n’est un voyageur très choqué et un employé de la RATP qui a donné l’alerte et arrêté le courant.
Vendredi la cour a rendu sont verdict en déclarant Ahmed Zobir pénalement irresponsable et relaxé. Toutefois l’homme a été immédiatement hospitalisé. La cour d’assises n’a pas suivi les réquisitions de l’avocat général qui avait réclamé 20 ans de réclusion criminelle. L’avocat d’Ahmed Zobir, Jean-Pierre Choqué, avait plaidé la folie en retraçant l’itinéraire d' »un homme qui s’éloigne de plus en plus de la réalité avec une schizophrénie rampante ».
Renaud Roussillon était abasourdi à l’énoncé du verdict. Présente lors du procès, sa compagne a fondu en larmes jugeant le verdict « ahurissant et incroyable ».
L’avocat général avait bataillé pendant les audiences pour obtenir une condamnation espérant que la cour d’assises « ne donne pas au tueur une chance incompréhensible car la réalité, il la comprend ».
« Je le préfère enfermé plutôt que dehors. Pourquoi? Les experts le disent extrêmement dangereux. Il sortira quand il ira mieux, ce peut être dans 10 ans ou la semaine prochaine » avait il expliqué à l’audience.
On ne sait pas encore si l’avocat général compte faire appel de la décision de la Cour d’Assises.
Aujourd’hui avec l’automatisation de la ligne 1, des portes palières le long des quais empêchent ce genre d’acte et les suicides. Cependant il n’y a que deux lignes –la 1 et la 14- équipées de cette manière en Ile-de-France.