Les premiers projets d’aménagement du quartier des Groues ne sont pas encore sortis de terre que les soucis arrivent. Le maire de Nanterre, Patrick Jarry (Gauche citoyenne) s’est alarmé ce jeudi dans un communiqué que le bilan de la ZAC des Groues à l’Ouest de la Grande Arche fait état d’un important déficit.
Alors que durant de nombreuses années la ville de Nanterre se disait « exclue » des discussions concernant les grands axes d’aménagement d’une partie de son territoire, depuis la création de l’établissement local Paris La Défense elle a son mot à dire.
« C’est dans ce cadre que la ville de Nanterre a obtienu une baisse de 81 100 mètres carrés du programme de constructibilité initiale (des Groues, ndlr) dont 77 100 mètres carrés de logements, soit environ 1 100 logements de moins, et obtient en parallèle quatre hectares d’espaces verts supplémentaires ouverts au public. Nous mesurons avec la crise sanitaire que nous vivons depuis un an combien cette exigence de maîtrise de la densité est nécessaire, indique le maire. Or cette baisse de constructibilité, c’est Nanterre qui la paie, en prenant à sa charge 24,5 millions d’euros, avec notamment le financement d’un tiers des groupes scolaires, qui aurait pourtant dû être pris en charge dans le cadre de l’opération d’aménagement ».
Et l’élu explique que Nanterre devra verser une subvention de 10,5 millions d’euros pour la construction de logements sociaux en se désolant que ni l’État, ni la région ni le département n’apporteront de subvention. « Là encore, c’est la Ville de Nanterre qui prend, seule, ses responsabilités. Cela représente un coût de 10,5 millions d’euros supplémentaires. La Ville de Nanterre consacrera donc au total 35 millions d’euros au quartier des Groues. C’est considérable ! », se désole Patrick Jarry.
Pour le maire « malgré cet engagement financier très important » de la ville, le bilan de la ZAC présenté par Paris La Défense fait état d’un déficit de 16 millions d’euros. Pour compenser ce trou, Paris La Défense propose selon Patrick Jarry d’augmenter le prix des logements, qu’il s’agisse des logements en accession à la propriété, des logements intermédiaires, ou des logements sociaux.
« Dans le contexte actuel, la hausse des prix des logements, déjà au maximum de ce qui se pratique dans les autres quartiers de notre ville, n’est clairement pas envisageable, et ne peut constituer une variable justement pour améliorer le bilan financier de la ZAC des Groues. Depuis le début, Nanterre se mobilise pour que les futurs logements des Groues soient accessibles aux Nanterriens et au monde du travail », se désole-t-il.
Patrick Jarry maintient son idée de ne pas rendre le « onzième quartier » de sa ville trop dense. « Il nous faut donc pouvoir diminuer la hauteur des bâtiments, augmenter la distance entre eux, préserver la pleine terre et les espaces végétalisés pour apporter davantage de respiration, mais également améliorer la conception architecturale et veiller à la durabilité des matériaux utilisés,… Bref, il nous faut des marges de manœuvre pour que les habitants de ce nouveau quartier puissent vivre dans un cadre agréable et adapté aux effets du changement climatique dans notre territoire », poursuit-il avant de rajouter : « Paris La Défense et ses techniciens, avec qui les équipes de la Ville travaillent au quotidien, ne nient pas ces besoins. Cependant, dans l’état actuel des choses, nous risquons d’arriver dans une impasse sans changement profond, et sans nouvelle marge de manœuvre ».
Pour venir en aide à son quartier, Patrick Jarry en appelle au département des Hauts-de-Seine, majoritaire au sein de Paris La Défense. « Dès lors, il est absolument indispensable qu’une part de la subvention de trente millions d’euros versée chaque année par le département, et notamment des vingt millions d’euros versés en investissement, soit consacrée aux Groues », rajoute Patrick Jarry qui aimerait bien par ailleurs qu’une partie des 115 millions d’euros de recettes issus de la vente des droits à construire de The Link, le futur siège de Total aille aux Groues. Et l’édile martèle que Paris La Défense « en a largement les moyens, avec une trésorerie atteignant aujourd’hui pas moins de 300 millions d’euros ».
Patrick Jarry prévient que son quartier est désormais en danger et que si sa demande n’était pas accordée « rester dans le périmètre de l’Opération d’Intérêt National (OIN) n’aurait alors vraiment aucun sens et aucun intérêt » pour sa ville. Avant de conclure : « La ville de Nanterre enjoint donc l’Etat et le département des Hauts-de-Seine à prendre au plus vite leurs responsabilités, comme elle l’a fait elle-même. Ce n’est qu’à cette condition que l’aménagement des Groues pourra se faire, et être la réussite que nous attendons tous ».