La dalle va se tapir de verdure. Voulu dès 2016 et après plusieurs expérimentations menés ces dernières années, le projet de transformation de l’Esplanade de La Défense en un vaste parc végétal, annoncé à l’été 2022, entre enfin dans sa phase opérationnelle.
L’établissement public Paris La Défense a lancé, en grande pompe et aux côtés de nombreux élus locaux, à la fin de l’été, ce chantier de mutation urbaine. Cet espace central du quartier d’affaires, jusqu’alors plus minéral que végétal et aligné dans l’axe historique, entame sa mue pour devenir, d’ici 2028, un parc urbain de cinq hectares. Baptisé Le Parc, il s’étirera sur 600 mètres, de la Fontaine Agam au Bassin Takis.

Pensé comme une nouvelle centralité verte au cœur de La Défense, ce Parc s’inscrit dans une volonté pour l’aménageur de rendre le territoire plus vivant, plus attractif et mieux adapté aux enjeux environnementaux. Le Parc ambitionne de prolonger vers l’Ouest la trame verte initiée André Le Nôtre avec le jardin des Tuileries il y a plus de 300 ans. « C’est un projet phare et exemplaire de cet espace emblématique. Nous allons faire entrer de manière inédite la nature à La Défense », se félicite Georges Siffredi, le président du département des Hauts-de-Seine et de Paris La Défense.
À terme, le parc s’ornera de près de 850 arbres, dont 314 nouveaux, issus d’une palette végétale diversifiée mêlant essences locales, méditerranéennes et résistantes à la sécheresse. Une partie des arbres existants sera conservée, notamment les majestueux platanes plantés selon les dessins du paysagiste américain Dan Kiley, qui avait imaginé l’Esplanade au début des années 1970. « Respecter l’esprit de Dan Kiley, c’est ajouter d’autres strates de végétaux. Je me réjouis de cette transformation qui ne renie pas le passé, on joue avec », confie Michel Desvigne, le paysagiste du projet.

La composition paysagère du parc reposera sur plusieurs strates végétales (arbres, arbustes, herbacées, milieux aquatiques), favorisant la biodiversité, en lien avec la trame verte du territoire. Douze espèces animales prioritaires ont été identifiées pour y être protégées, dont des oiseaux, papillons, libellules et batraciens, indique Paris La Défense. « On va répondre à toutes les attentes, en termes de biodiversité, de changement climatique et de résilience », ajoute Michel Desvigne, qui se félicite de voir naître ce qui sera « le plus grand jardin sur dalle de France ».
Outre sa dimension écologique, Le Parc proposera une large variété d’usages. Il comprendra plus d’un millier d’assises (bancs, chaises longues, hamacs…), des aires de jeux, six nouveaux bassins biologiques, 2 000 mètres carrés de pelouses accessibles, ainsi que des espaces dédiés aux loisirs comme la pétanque, le yoga ou la danse. Le Parc mettra également en valeur plusieurs œuvres d’art emblématiques déjà présentes, comme la fontaine Agam, la cheminée Moretti ou encore la statue de La Défense, dans la continuité de la vocation culturelle du quartier.

En tout, 7 700 mètres carrés de surfaces seront désimperméabilisées tandis qu’un travail de renivellement des surfaces minérales sera effectué pour acheminer les eaux pluviales vers les espaces plantés. La création d’une nappe drainante juste sous la surface permettra également de retenir jusqu’à quatre centièmètres d’eaux pluviales sur une surface plane d’environ 10 000 mètres carrés, assurant une évacuation progressive de ces eaux vers le réseau commun. « L’évapotranspiration des végétaux et le stockage dans les sols peuvent permettre naturellement d’éviter jusqu’à 20 % des rejets d’eaux dans les réseaux d’évacuation. En termes d’arrosage, un système automatisé et centralisé assure une consommation d’eau maîtrisée, s’appuyant par exemple sur des buses rotatives et du goutte-à-goutte », explique Paris La Défense.

Avec ce chantier, Paris La Défense entend être exemplaire en réemployant une grande partie des matériaux existants, notamment 416 mètres linéaires de garde-corps de trémies, 41 mètres linéaires de bordures en bois, 48 corbeilles, 5 tables de pique-nique, 15 abris-bacs, 12 transats, 2 tables hautes de 27 mètres linéaires avec 18 mobiliers d’assise, 74 arceaux à vélo et 36 panneaux de signalisation.

Mais pour profiter du Parc, il faudra patienter. Le chantier sera mené en trois phases jusqu’à la mi-2028, « de manière à maintenir l’accessibilité de l’Esplanade durant les travaux », précise Paris La Défense. Les entreprises mandatées interviendront sur différents lots : aménagements sur dalle, éclairage, arrosage et bassins, plantations et mobilier.
Le projet a été confié à un groupement piloté par l’agence Michel Desvigne Paysagiste, en collaboration avec plusieurs spécialistes : Arcadis (ingénierie), Urban-Eco Scop (écologie), Diluvial (fontainerie), Ville Ouverte (concertation) et 8’18’’ (éclairage). « L’enjeu, c’est d’améliorer la qualité de vie , assure Pierre-Yves Guice, le directeur général de Paris La Défense. Notre ambition, c’est de transformer les espaces publics vieillissants, de changer leur image ».

L’opération, qui avoisine au global une quarantaine de millions d’euros -dont 29 millions d’euros pour la phase chantier (20 millions d’euros pour l’aménagement de la dalle, 3,5 millions d’euros pour les fontaineries et l’arrosage, 1,2 millions d’euros pour l’éclairage et l’électricité et 4,3 millions d’euros pour les plantations et le mobiliers-, est financée par Paris La Défense, avec la participation de la Métropole du Grand Paris, de l’Agence de l’eau Seine Normandie, de la Banque des Territoires, du département des Hauts-de-Seine et la région Île-de-France.
Le projet du Parc s’inscrit dans une stratégie plus large de rénovation du quartier d’affaires entamé il y a déjà une dizaine d’années. « Nous sommes à l’avant-dernière grosse pièce du puzzle. La dernière, ce sera de rénover le parvis dans quelques années », glisse Pierre-Yves Guice, qui qualifie le programme de « gros investissement ».
