En déplacement ce lundi à la préfecture des Hauts-de-Seine, le ministre de l’Intérieur et nouveau président des Républicains, Bruno Retailleau, a présenté les grandes lignes d’un dispositif renforcé visant à combattre les « écosystèmes islamistes », suite au rapport sur les Frères musulmans. Cette nouvelle stratégie reposera sur une coordination accrue entre les services de l’État et la désignation de deux chefs de file, dont un en charge du renseignement.
Comme pour la lutte antiterroriste, le ministre de l’Intérieur a confirmé sa volonté de structurer l’action publique autour d’un chef de file dédié au renseignement, précisant que cette mission sera confiée à Bertrand Chamoulaud, actuel directeur national du renseignement territorial.
Le nouveau chef des LR a annoncé par ailleurs sa volonté de faciliter les dissolutions des associations « qui prêcheraient le fait de se prévaloir de leur religion, de leurs croyances, de leurs origines pour échapper à la règle commune ».
Le ministre de l’Intérieur a également abordé la question de l’influence médiatique, en particulier étrangère. Il a évoqué la possibilité de mettre en place « un contrôle » sur certaines publications venues de l’étranger, dès lors qu’elles « s’opposent aux principes de la République ». Évoquant l’essor des prêches diffusés sur les réseaux sociaux, Bruno Retailleau a mis en garde contre « le champ immense de l’imam TikTok », symbole selon lui d’une nouvelle forme d’influence idéologique. Pour y faire face, il envisage d’élargir les prérogatives de la plateforme de signalement Pharos, afin qu’elle puisse mieux traiter les contenus problématiques diffusés en ligne.
Enfin, « le premier flic de France » n’a pas caché son souhait de modifier la Constitution pour y faire entrer cette phrase : « Nul ne peut se prévaloir de sa religion, de ses croyances, de ses origines pour échapper à la règle commune. » Et selon lui, l’inscription de cette phrase, qui est complexe actuellement vu l’absence de majorité, pourrait « régler beaucoup de choses », notamment « pour un directeur d’établissement hospitalier, scolaire ou un chef d’entreprise ».
Nous allons réorganiser l’État pour lutter contre l’entrisme islamiste. pic.twitter.com/bz5Msj1yyv
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) May 26, 2025
« Le pire des amalgames, c’est celui qui consiste à dire qu’attaquer l’islamisme, c’est attaquer les musulmans », a insisté le ministre de l’Intérieur. Bruno Retailleau n’a d’ailleurs pas hésité à tacler « le déni d’ordre idéologique » des Insoumis et de Jean-Luc Mélenchon, qualifiant le rapport sur les Frères musulmans de « document scientifique » reposant « sur des faits » et réalisé par des hauts fonctionnaires. Le locataire de la place Beauvau a même qualifié « de complices et d’idiots utiles » de l’islamisme « à des seules fins électoralistes » ceux qui cherchent à séduire le vote des « compatriotes musulmans ».
Ces annonces ont été faites en ouverture d’une réunion de la Cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR), en présence de représentants de plusieurs services de l’État, dont la sécurité publique, l’Urssaf ou encore les agences régionales de santé (ARS).
La préfecture des Hauts-de-Seine, Bruno Retailleau ne l’a pas vraiment choisie par hasard. Arrivé en novembre dernier après avoir fait ses armes au conseil municipal d’Asnières-sur-Seine puis comme directeur de cabinet de Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, Alexandre Brugère s’est fortement impliqué sur ce sujet. Il a notamment publié, il y a quelques jours, l’essai « Combattre l’islamisme sur le terrain, témoignage d’un préfet de la République », dont la préface est signée par un certain… Bruno Retailleau.
Selon le nouveau préfet des Hauts-de-Seine, des « soupçons avérés » d’islamisme toucheraient des associations, commerces et lieux de culte dans le département. Une cinquantaine de cibles actives sont actuellement sous surveillance, tandis que treize sont mises en veille.
Et si les deux hommes semblent bien s’entendre, Bruno Retailleau n’a toutefois pas voulu répondre à une question anodine posée lors de la conférence de presse : Alexandre Brugère est-il son préfet préféré ? Les deux hommes ont préféré en rire. Reste que le ministre de l’Intérieur a salué Alexandre Brugère comme étant « l’un des plus engagés sur ce front ».
