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vendredi 19 avril 2024
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La Défense et ces SDF qui y vivent

Au premier abord le quartier de La Défense laisse à penser que la richesse est présente, qu’il n’y a pas de misère et de détresse, mais en pénétrant dans les entrailles du quartier il y a ces SDF. Ils sont une cinquantaine à y avoir élu domicile. Didier a posé le peu d’affaires qui lui restaient, il y a un an, devant l’entrée de livraison de son ancien lieu de travail( la tour Europe où il était agent de sécurité de 1996 à 1997 avant de le perdre et de commencer la descente aux enfers). Après avoir été dans plusieurs villes de France, il est revenu là, face à son ancienne vie. Aujourd’hui il se dit libre, et ne semble plus avoir le courage de retrouver une vie normale. Son seul espace personnel se limite à une couverture, un petit sac. Il a dressé une dizaine de bouteilles de soda au citron qu’il explique consommer pour « réduire » les effets de sa consommation d’alcool.

Un peu plus bas en descendant la Voie des Bâtisseurs Jean-Pierre âgé de 43 ans, installé depuis 4 ans dans les galeries de livraison proches de l’immeuble Veritas, est accompagné de deux autres compagnons d’origine polonaise, arrivés eux dans le quartier depuis 15 ans. Ancien cuisinier, il déclare que son lieu de vie le satisfait, mais au fil de l’entretien, Jean-Pierre admet qu’il aimerait retrouver une situation normale, retrouver un emploi, une maison, une vie. Mais il explique « J’ai fait des bêtises, j’attends un jugement le 14 septembre, je risque de prendre 12 mois de prison […] j’avais une mise à l’épreuve de deux ans, je ne l’ai pas respectée » regrette t-il en poursuivant « J’attends la réponse du jugement pour me réinsérer ». Mais une autre difficulté le retient dehors : ces camarades « c’est mes amis je ne peux pas les abandonner » continue t-il mais en admettant qu’il ne veut plus subir la dureté de la rue. « J’ai reçu deux propositions pour travailler dans deux restaurants de La Défense » se souvient-il.
Face à lui, l’immeuble Balzac, où est pelliculé sur la façade depuis de nombreuse années « Bureaux à louer », un message difficile à lire pour lui, d’autant plus qu’il devra dans les prochaines semaines quitter son « chez-lui » en raison du démarrage des travaux de la tour D2.

Pour lui et ses camardes, un espace à La Défense signifie ne pas se déconnecter du monde qu’ils voient vivre devant eux :
La Maison de l’Amitié. Contrairement à Didier, qui se refuse à y aller, Jean-Pierre s’y rend plusieurs fois par semaine. Dans les années 90, Geneviève Gazeau revenue d’Afrique qui travaille dans la tour Elf (devenue Total aujourd’hui) découvre par hasard dans un souterrain un jeune SDF avec qui elle va se lier d’amitié. En 2000 frappée par la misère qui la côtoie, Geneviève Gazeau créée « La Maison de l’Amitié ». Ouvert du lundi au vendredi dès 7h, cet espace propose aux SDF et personnes en difficultés une aide en leur offrant des petits déjeuners, des repas mais aussi des vêtements. Un espace leurs permet également de prendre des douches et d’utiliser des machines à laver pour garder une hygiène de vie et de se reposer. Mais la Maison de l’Amitié a surtout pour objectif la réinsertion par une aide à la recherche d’un emploi et d’un logement. « Nous sommes entrain d’inscrire cinq jeunes pour qu’elles passent leurs permis de conduire, cela les aidera à se réinsérer » se réjouit Geneviève Gazeau qui constate tout de même l’augmentation de jeunes SDF dans le quartier, depuis quelques années, liée au problème de drogue et d’alcool.

« Nous effectuons des maraudes tous les mois avec les équipes des parkings de SEPADEF, pour recenser et prendre de leurs nouvelles » explique Damien Vallot commissaire de Police de La Défense. Selon le commissaire de La Défense, les quelques problèmes posés par les SDF sont liés à la consommation d’alcool excessive; il y a peu d’incidents. Cet hiver, un SDF qui s’était présenté de lui même aux portes du commissariat,y a été hébergé le temps de quelques nuits. Sur la cinquantaine de SDF de La Défense, deux sont des femmes déclare t-il. En 2009 et 2010, trois SDF ont perdu la vie pour raison de maladie et un suite à une chute mortelle après une grande consommation d’alcool. En raison de la difficulté d’accès aux SDF et de leur dispersion dans le quartier le SAMU SOCIAL ne passe jamais et la CROIX -ROUGE seulement quelques jours par mois et seulement depuis 2009.

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