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mercredi 17 avril 2024
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Soixante ans plus tard, le massacre du 17 octobre 1961 est toujours dans les mémoires

Plusieurs maires des Hauts-de-Seine, dont celui de Nanterre ont rendu hommage ce dimanche aux victimes de la nuit sanglante du 17 octobre 1961.

Il y a soixante ans, La Défense ne ressemble pas du tout au quartier que l’on connait aujourd’hui. Au bout de la longue avenue qui s’élance du pont de Neuilly, a jailli le Cnit quelques années plus tôt. Plus loin en poursuivant l’axe historique, a à peine dix kilomètres du Louvre, c’est la misère. Des milliers de migrants vivent dans des conditions précaires, entassés dans les bidonvilles de Nanterre. Beaucoup sont de la communauté algérienne.

A l’automne 1961, la France est en pleine guerre d’Algérie. Maurice Papon, le préfet de police de l’époque décide d’instaurer un couvre-feu appliqué aux seuls maghrébins alors que les attentats du Front de Libération Nationale (FLN) frappent les forces de l’ordre depuis plusieurs mois.

Pour s’opposer à cette mesure, des appels à manifester sont secrètement lancés. Le mardi 17 octobre 1961 des milliers d’algériens convergent de la banlieue parisienne, principalement de ce qui va devenir le département des Hauts-de-Seine pour se rendre vers la capitale. Une colonne d’environ 10 000 personnes débarque depuis Nanterre vers le pont de Neuilly.

Mais les autorités ne l’entendent pas ainsi. Les manifestants sont bloqués aux portes de Paris. Jusqu’à 19 heures, les policiers arrivent à faire face et dirigent au fur et à mesure 500 algériens vers le commissariat de Puteaux. Mais c’est après 20 heures que tout dérape. Le premier gros groupe d’un millier de personnes arrive vers 20h30. Il est suivi une vingtaine de minutes plus tard par environ 2 000 manifestants et un quart d’heure après par près de 4 000 personnes. Le cortège est composée d’hommes mais aussi de femmes hurlant des youyous et d’enfants. Les autorités laissent passer femmes et enfants mais vont sévèrement réprimer les hommes. Des combats au corps à corps se produisent entre les protestataires et les policiers. Des coups de feu sont tirés en direction de certains manifestants. Dans la soirée une dépêche de l’AFP signale deux morts au pont de Neuilly. Les autorités ne peuvent plus nier les événements.

Mais cette nuit sanglante sera peu couverte par la presse et l’État français tentera de la faire oublier. Car il y aura eu beaucoup de victimes, frappées et jetées à la Seine comme au pont de Neuilly. Des dizaines, des centaines,… de morts, le bilan précis n’a jamais été donné. Selon les rapports officiels il y aurait eu 38 à 48 morts. Selon les estimations le nombre des victimes pourrait s’élever à plus de 200.

Un épisode noir de l’histoire de France, longtemps mis de côté et qui depuis quelques décennies est commémoré. Cette répression sanglante n’a jamais vraiment été reconnue par l’État français jusqu’à cette année. Le Président de la république Emanuel Macron, s’est rendu ce samedi au pont de Bezons pour observer une minute de silence.

« La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Elle le doit d’abord et avant tout à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme », a indiqué un communiqué de l’Élysée.

Sans attendre que l’État reconnaisse ses torts, plusieurs élus, principalement de gauche rendent hommage chaque année aux victimes de cette nuit tragique sur le pont de Neuilly. A La Défense pour commémorer ce soixantième anniversaire un rassemblement a été organisé aux abords du pont. Après une minute de silence le cortège de quelques dizaines de personnes a franchi symboliquement le pont de Neuilly, puis déposé des gerbes de fleurs et jeté des roses dans la Seine.

« C’est un combat depuis dix ans que nous menons pour que la France reconnaisse ses crimes », a indiqué ce dimanche, Patrick Jarry, le maire de Nanterre, qui n’a pas hésité à lancer un tacle à son homologue, Jean-Christophe Fromantin. Il y a dix ans le maire de Neuilly avait en effet interdit un hommage dans sa ville.

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