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mercredi 9 octobre 2024
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Le budget du prolongement du RER E explose d’1,7 milliard d’euros

La présence d’une nappe phréatique à la Porte Maillot et les difficultés à creuser sous un immeuble de La Défense serraient en partie responsables de ce surcoût colossal.

Avant même de circuler sous les tours de La Défense et de filer vers l’Ouest, Eole a déraillé, plus précisément, son budget. Chiffré en 2014 à 3,74 milliards d’euros (dont 234 millions d’euros de provision pour risques), le budget des travaux de prolongement du RER E vers Mantes-la-Jolie via La Défense et Nanterre a explosé d’1,7 milliard d’euros pour passer désormais à 5,4 milliards d’euros. Une nouvelle hausse alors que début 2021, SNCF Réseau avançait un dépassement de 640 millions d’euros (aux conditions économiques de 2012).

Alors que SNCF Réseau en appelle désormais à ses financeurs pour remettre la main à la poche, sans quoi les travaux pourraient s’arrêter, la région Île-de-France, l’un des plus gros financeurs qui s’était engagé à l’origine à verser 1,1 milliard d’euros a tenu à demander des comptes.

Un dérapage budgétaire qu’a tenté de justifier le maître d’ouvrage SNCF Réseau à ses financeurs, mettant en avant plusieurs facteurs comme la présence d’une nappe phréatique à la Porte Maillot, là où est creusée l’une des nouvelles gares mais aussi avec des difficultés rencontrées avec les fondations d’un immeuble à La Défense. SNCF Réseau évoque aussi des « aléas et imprévus » comme les multiples manifestations des Gilets jaune durant lesquels des chantiers ont été mis à l’arrêt et sécurisés ainsi que deux crues de la Seine en juin 2016 et janvier 2018. SNCF Réseau avance également la loi « Cybersécurité », le « plan des voies de Mantes-la-Jolie » ou encore un « nouveau programme à Courbevoie ».

Des soucis en cascades avec la crise sanitaire et son confinement du printemps 2020 qui ont participé à entrainer d’importants retards, près de six mois sur la première phase jusqu’à Nanterre. Ce retard a ainsi entrainé un surcoût pour SNCF Réseau qui a été contraint de prolonger la location des espaces de Viparis au sein du Cnit afin d’y assurer la logistique du chantier de la gare de La Défense.

« Si on avait appliqué une provision pour risque de 30 % qui est conforme aux usages internationaux et qui a été repris par un rapport de la Cour des Comptes de 2017 le budget aurait été 4,44 milliards d’euros. Compte tenu du nombre et de l’importance des aléas que l’on a pu rencontrer, notre estimation est conforme aux usages internationaux pour des projets de cette nature », s’est défendu Kian Gavtache, directeur grands projets chez SNCF Réseau au cours d’une Mission d’Information et d’Évaluation (MIE) organisée le jeudi 3 février par la région. En clair, le surcoût n’aurait alors été « que » d’un milliard d’euros avec la prise en compte dès le départ de ces 30 % de provision pour risque.

Alors que le chantier bat son plein et que « Virginie » le tunnelier atteindra son but final, la gare Saint-Lazare dans les prochains jours, l’éventualité d’un arrêt des travaux se pose sérieusement aujourd’hui si SNCF Réseau ne trouve pas les 1,7 milliard d’euros, dont très rapidement 642 millions d’euros.

Un scénario sombre qu’aucun des financeurs du projets (l’État, la région, la Société du Grand Paris (SGP), SNCF Réseau, les départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines ou encore la ville de Paris) ne souhaite. « Aujourd’hui on fonctionne sur un projet qui n’a plus de provision pour risque. On est à sec », a affirmé Xavier Gruz, le directeur de projet d’Eole chez SNCF Réseau.

D’après Le Parisien SNCF Réseau devrait financer 135 millions d’euros de la note et la ville de Paris verser 43 millions d’euros supplémentaires en raison des modifications apportées à la porte Maillot pour l’interconnexion du RER E avec le tramway T3. Les deux départements devraient eux rajouter 243 millions d’euros.

Des avancées certes, mais il reste toujours à trouver en urgence 221 millions d’euros. Une somme que l’État pourrait bien être contraint de verser. Puis viendra ensuite le 1,1 milliard d’euros restant à trouver.

Accusés par certains d’avoir sous-évalué le budget d’Eole, les représentants de SNCF Réseau se défendent. « La seule sous-évaluation que l’on a constatée c’est celle de la gare de La Défense », a reconnu Xavier Gruz évoquant un surcoût de « 100 millions d’euros ».

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