Ils sont venus tout droit de la Somme pour crier leur colère et surtout leur crainte pour l’avenir. Une cinquantaine de salariés de la Société Française de Galvanoplastie (SFG) se sont rendus ce mercredi en milieu de journée à La Défense pour protester devant les bureaux de Cœur Défense, où se trouve le siège d’Albéa, la maison mère.
Le groupe français, expert dans la fabrication d’emballages cosmétiques destinés aux secteurs de la beauté, de l’hygiène et des soins personnels, a annoncé en septembre dernier son intention de mettre fin à l’activité de son usine SFG de Bernaville, dans la Somme. Le site de production, spécialisé dans les opérations de décor par galvanoplastie des capots de parfum, emploie actuellement 68 personnes en CDI. Cette décision entraînerait la cessation totale de cette unité, la seule du groupe à recourir à ce procédé.
Pour justifier cette décision, Albéa évoque que son usine picarde est « confrontée depuis plusieurs années à de graves difficultés économiques et industrielles, sans perspectives d’amélioration et sans option viable identifiée ». Albéa estime que son site de production des Hauts-de-Seine « freine aujourd’hui la capacité du groupe à réallouer les investissements nécessaires à la pérennisation de ses autres sites industriels en France ».
Mais cette annonce a fait l’effet d’une bombe dans cette région régulièrement touchée par des fermetures d’usines en pagaille. Une surprise d’autant plus grande que, selon la CFDT, le groupe Albéa envisageait encore des investissements dans cette usine au début de l’été.
« C’est une décision injuste, brutale et inhumaine, prise sans aucune considération pour ceux qui ont contribué au groupe Albéa », déplore Alexandra Miroslav, secrétaire générale du syndicat Chimie Énergie des Hauts-de-France.
L’industrie au cœur du quartier de la finance.
Je suis ému, et fier de voir les ouvriers de Picardie à La Défense.
Une France qui ne veut pas mourir en silence, alors que Albea, Bnp-Paribas, Dior, Chanel, Guerlain etc. décident de leur sort et feront fabriquer ailleurs. pic.twitter.com/V7xJOx4yVQ
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) October 29, 2025
Dans son communiqué diffusé au moment de l’annonce de la cessation d’activité, Albéa se dit « conscient de l’impact de cette annonce sur le personnel » et affirme s’engager « à mener une gestion sociale responsable, en lien étroit avec les représentants du personnel ».
« Nous ne voulons pas qu’Albéa ferme dans le silence. Maintenant, on espère une reprise de l’usine. Il y aurait déjà trois ou quatre éventuels repreneurs, mais nous n’avons pas les noms. Sinon, nous voulons un plan social à la hauteur de notre estime », confie pour sa part Isabelle Bluet, déléguée syndicale CFDT, salariée depuis trente ans dans l’usine de Bernaville. « Conformément à la loi Florange, une recherche active de repreneur sera lancée », assure Albéa.
Les salariés de la SFG ont pu compter sur deux soutiens politiques, de camps radicalement opposés. « On nous parle de réindustrialisation, mais on constate que plein d’entreprises sont abandonnées. Il faut garder l’emploi chez nous. C’est un combat territorial », s’est exprimé, face aux ouvriers, le sénateur Les Républicains Laurent Somon, qui fut maire de Bernaville de 2001 à 2015.
Il y a également eu celui du député François Ruffin, déjà venu il y a quinze jours soutenir des salariés du commerce et des services lors de l’envahissement de l’hypermarché Auchan du centre Westfield Les 4 Temps. « Je suis ému de voir les ouvriers de notre Picardie descendre à La Défense, dans le quartier de la finance. Votre combat, c’est pour les emplois », a scandé l’ex-Insoumis en bas de l’imposant complexe de bureaux Cœur Défense.



