Taux de vacance grandissant, tours vieillissantes, baisse des besoins de surfaces pour les entreprises, La Défense voit son modèle historique chamboulé par une mutation profonde. Si La Défense a déjà enclenché il y a une quinzaine d’années un vaste plan de modernisation, cela ne semble pas suffisant pour l’Aude, l’Association des Utilisateurs de La Défense, qui a dévoilé son plan de sauvetage pour le plus grand quartier d’affaires européen.
« C’est un moment clé dans l’histoire de La Défense, celui de la fin d’un modèle. Nous proposons de redessiner le devenir de La Défense avec notre ligne directrice. Nous prônons un changement de modèle basé sur la mixité et l’écologie, a alerté Cédric de Lestrange, administrateur de l’Aude. C’est un joyau que nous devons polir, et pour ne pas finir comme Detroit, il faudra agir et réagir comme Chicago ».
Regroupant soixante-six membres avec des entreprises locataires, des gestionnaires d’actifs et des propriétaires de gratte-ciel du quartier, la discrète association tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. Pour l’Aude, si aucune grande stratégie fiscale de relance n’est lancée rapidement, le taux de vacance des bureaux pourrait passer de 17 % (estimation pour la fin d’année) à 39 %, selon une étude menée par le cabinet Deloitte. Un scénario catastrophique auquel l’Aude refuse de croire. « Au cours de ces derniers mois, on a constaté une vraie prise de conscience collective chez les acteurs publics, comme chez les acteurs privés », tempère Cédric de Lestrange.
Pour éviter un désastre immobilier, l’association appelle Paris La Défense, l’aménageur et gestionnaire du quartier, ainsi que les pouvoirs publics, à prendre quatre grandes mesures. D’abord, il faut assouplir les draconiennes réglementations (sécurité incendie, accessibilité, etc.) pour les Immeubles de Grande Hauteurs (IGH) .
Ensuite, il faudra créer une foncière afin de permettre à Paris La Défense d’entrer dans le capital des opérations et d’accéder à de nouveaux financements avec des taux d’intérêts plus avantageux via des fonds publics ou des Green Funds.
L’Aude estime qu’il faut mettre en place un levier d’investissement en augmentant la contribution des collectivités (région, département, communes de La Défense) et reverser à l’aménageur une partie de la péréquation versée par les communes.
Enfin, le redressement de La Défense passera par des leviers fiscaux, avec une exonération de la taxe bureaux en Île-de-France lors des travaux de rénovation ou de reconversion d’actifs (environ trois ans) et une exonération de la taxe foncière pendant les travaux.
La Défense doit également poursuivre sa modernisation. Les tours les plus vieillissantes doivent être modernisées et certaines transformées en logements, par exemple. 5 000 logements étudiants supplémentaires devraient être créés, selon l’Aude, pour répondre aux besoins des quelque 70 000 étudiants du quartier d’affaires.
« Il faut préserver La Défense », a déclaré Georges Siffredi, président des Hauts-de-Seine et de Paris La Défense, rappelant le vaste plan de 400 millions d’euros mis en œuvre pour rénover les différents espaces publics du quartier.
« Malgré les différentes crises, comme celle du Covid, La Défense est debout. Tout ceci n’est pas le fruit du hasard. Si notre quartier survit à ces crises, c’est que nous avons eu le courage de nous fixer un cap, volontairement différent des habitudes passées, et de nous y tenir. Ce cap est clair et nous l’avons gravé dans le marbre avec notre raison d’être », a ajouté le patron de La Défense, se voulant rassurant sur l’avenir du premier quartier d’affaires d’Europe.