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mercredi 8 mai 2024
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Mort de Nahel : retour sur la semaine qui a embrasé la France

La mort de Nahel lors d’un contrôle routier à Nanterre a entrainé une semaine d’émeutes urbaines d’une violence inouïe.

Nous sommes le mardi 27 juin, il est un peu plus de 8 heures lorsque deux motards de la police prennent en chasse une Mercedes AMG de couleur jaune. Au niveau de la place Nelson Mandela à Nanterre, le véhicule est pris dans le trafic dense en cette heure matinale. Les deux motards se dirigent vers l’automobiliste. Selon les deux passagers de la Mercedes, les policiers assènent des coups de crosse à Nahel, 17 ans au volant de la voiture. Conséquence : choqué, Nahel lâche la pédale de frein du véhicule -une boîte automatique- qui redémarre. L’un des deux policiers tire alors en direction du jeune conducteur et le touche au thorax. La puissante voiture va s’encastrer à quelques mètres de là, dans des barrières et un poteau. Malgré un massage cardiaque prodigué par les secours, Nahel décède quelques minutes plus tard.

Dans une vidéo rapidement publiée sur les réseaux sociaux et massivement partagée, la scène de l’homicide a été filmée par une passante. Le son émanant du drame est difficilement audible. Pour certains l’un des deux motards de la police lancerait à son collègue « shoote-le ». Le policier, auteur du tir dirait « Je vais te mettre une balle dans la tête ». Pour d’autres le policier dit : « Mets tes mains derrière la tête ». Le policier impliqué dans le tir mortel est rapidement placé en garde-à-vue, puis il est mis en détention provisoire pour homicide volontaire. Pour sa défense, le policier affirme que sa vie était en danger et qu’il a agit conformément à la loi du 28 février 2017.

Des émeutes qui se propagent de Nanterre à toute la France

Très vite l’information sur la mort de Nahel se répand. A Nanterre, où vivait Nahel la colère monte et se propage dans les cités de la ville et plus particulièrement dans ceux du « Vieux-Pont » et du « Parc Sud ». Comme le craignait Patrick Jarry, le maire de Nanterre, sa ville va s’embraser le soir même. Mais les violences urbaines, plus courtes mais bien plus intenses que les émeutes de 2005 touchent plusieurs villes de la région parisienne mais pas que… L’insurrection se diffuse un peu partout en France et même en Belgique.

Durant trois nuits la violence est extrême. Des centaines de voitures sont brulées, mais aussi des bus et même une rame de tramway. La violence monte crescendo. Par centaines des commerces sont saccagés et pillés voire même incendiés. De nombreux bâtiments publics comme des mairies, écoles et commissariat municipaux sont attaqués et brûlés.

A Nanterre, épicentre de la violence, les dégâts sont importants, mais moins considérables que dans de nombreuses villes françaises. Les affrontements entre les policiers et les jeunes de la cité sont ultra-violents. Les émeutiers tirent une quantité impressionnante de mortiers d’artifice vers les policiers qui répliquent avec des gaz lacrymogènes et des charges. Chose inédite dans des violences urbaines, la BRI est même appelée en renfort pour y déployer l’un de ses véhicules blindés. Un hélicoptère survole la ville pour repérer les émeutiers. Plusieurs personnes, dont un grand nombre de journalistes sont violemment agressés et dépouillés.

Du côté de la rue Louis Blanc à Courbevoie des incidents sont également recensés. Des jeunes s’en prennent aux vitres de l’immeuble abritant le siège d’Equans. La police va essuyer des tirs de mortiers d’artifice. L’un des auteurs est appréhendé. Il a été condamné à de la prison à l’issue d’un passage en comparution immédiate, vendredi dernier au tribunal de Nanterre.

Trois nuits de violences urbaines

Jeudi, la famille de Nahel organise une marche blanche. Réunissant près de 6 000 personnes, la marche s’élance dans un climat très tendu depuis la cité Pablo Picasso, dans le quartier du Parc Sud. La marche dégénère rapidement au niveau de la préfecture des Hauts-de-Seine. De violents affrontements vont opposer des émeutiers aux policiers venus en nombre. Durant cet après-midi plusieurs voitures sont incendiées, des vitres d’immeubles dont celles du siège d’Axa sont brisées, une agence immobilière est pillée et une agence bancaire Crédit Mutuel est même saccagée, puis incendiée.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des émeutiers tentent d’incendier un immeuble de bureaux qui abrite un centre des impôts. Une station services BP est pillée tout comme un bureau de tabac. Là encore plusieurs véhicules servant de barricades sont incendiés.

Durant cette semaine de violences urbaines le quartier d’affaires de La Défense qui jouxte la cité Pablo Picasso est miraculeusement épargné. Menacé de pillages après des appels sur les réseaux sociaux, le centre commercial Westfield Les 4 Temps échappe de peu aux émeutiers.

Après trois nuits de violence d’une rare intensité et de nombreux appels à l’apaisement d’élus mais aussi de la grand-mère de Nahel, le calme revient doucement durant le week-end. Si le calme semble être revenu du côté de Nanterre, la cité Pablo Picasso est toujours assise sur une poudrière…

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